Allemagne, le temps des faussaires
Il serait faux de
penser que depuis la disparition du romancier Philipp Kerr et de son héros Bernie
Gunther, le roman policier avec une forte connotation historique a disparu. Avec
Cay Rademacher, auteur d’une admirable trilogie sur l’Allemagne de l’après-guerre,
nous pouvons considérer que le genre se porte plutôt bien. Beaucoup plus âpres que
l’univers de Gunther, décrivant un pays en plein désarroi, pris dans un étau ou
seul les vainqueurs peuvent décider, il ne reste presque plus rien du Reich millénaire,
et c’est tant mieux. Mais, la vie continue, pour des millions d’Allemands qui
vivotent, se débrouillent, comme ils le peuvent avec un marché noir aux mains
de contrebandiers qui font évidemment, flamber les prix.
Au cœur de Hambourg
Avec une criminalité
qui ne cesse d’augmenter, certains vont en payer le prix fort comme l’inspecteur
Frank Stave. Meurtri par des années de guerre, ne voyant presque plus son fils,
il quitte la police criminelle après un fâcheux accident ou sa vie fut mise en
danger. Connaissant très bien les us et coutumes des trafiquants en tous
genres, qu’ils soient puissants ou non, il part rejoindre l’Office de lutte
contre le marché noir. Cette escouade, considérée de haut par des coreligionnaires,
fait pourtant ce qu’elle peut avec des moyens dérisoires. Dans cette marée
nauséabonde, ou se confondent entre du régime hitlérien, nostalgique de la république
de Weimar et parfois, certains jeunes policiers qui rêvent d’un avenir
meilleur, la chasse aux criminels est tout sauf une évidence. Frank Stave,
homme mélancolique, mais jamais désespéré, fait face à un meurtre, doublé, un d’une
étonnante découverte. À côté du cadavre, des œuvres d’art d’une grande valeur
sont retrouvées sous les décombres. Sur la piste d’un faussaire et du luxe qui
fleurit malgré les restrictions, les pistes ne manquent pas. En plus, l’annonce
d’une nouvelle monnaie : le Deutschemark, fait saliver bien des envieux, peu importe, les conséquences.
De la grande à la petite histoire, l’auteur
nous donne des pistes sur un Nouveau Monde qui se construit dans la douleur.
Superbe !
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