Deathfix : Tomber de Charybde en Scylla.
La Coupe du
monde féminine de football est enfin commencée. Au cours des prochaines
semaines, les amateurs du ballon rond seront témoins d’exploits grandioses, de
tragédies hors du commun, de drames humains. Mais derrière ces moments
mémorables, ces histoires faites du matériau dont les légendes sont forgées resteront
toujours un doute sur leur authenticité, leur valeur. Toujours le même doute. Et
si les parties avaient été truquées…
L’ivresse
de la victoire.
Moscou 2018.
Gus l’entraineur néerlandais du Moscou SC a le cul bordé de nouilles. En plus
de se faire un max de blé, il est l’enfant chéri des Moscovites. Il faut dire
qu’il dirige un club particulièrement talentueux qui aspire aux grands
honneurs. Hélas en Russie le talent footballistique n’est pas tout à fait
garant du succès. Surtout quand la mafia russe, les puissants oligarques et les
politiciens s’entendent comme larrons en foire pour décider des résultats des
matchs. Une chance pour lui l’ancien gardien de but, espoir de la sélection
nationale des Pays-Bas, réussis à s’accommoder assez bien des volontés des maitres
du pays de Tolstoï. Jusqu’au moment où entre dans la danse la mafia chinoise,
qui veut sa part du gâteau et qui connait son secret le plus intime. Un secret
qui pourrait signifier au mieux sa disgrâce au pire, sa mort. Pour le
Hollandais, commence alors une course contre la mort dans un labyrinthe sombre
et glacial.
Sympathique
polar signé Nix et Benus, Deathfix est une belle surprise. S’inspirant du
parfum de scandale qui émane depuis des décennies de la planète foot, Deathfix
a tout pour plaire : un scénario intelligent bien ficelé, bien mené, sans
coup de théâtre inexplicable, des personnages attachants avec un brin, mais pas
trop, de zones d’ombre, un dessin enjoué et une touche d’humour déjanté et
grinçant.
Un peu comme
le Grand Blond d’Yves Robert, Deathfix met en scène un entraineur tout ce qu’il
a de plus ordinaire qui doit se dépatouiller dans un univers qu’il ne contrôle
pas, dont il ne connait pas les règles, où il n’est qu’un pantin désarticulé
entre les mains de marionnettistes trop puissants pour lui.
Et quand un
cave se rebiffe, ça ne tourne pas toujours bien… surtout pour lui. Entre la
mafia russe et la mafia chinoise, Gus devra choisir. Mais peut-on faire un
choix entre le choléra et la peste ?
Une bédé
très amusante.
Mon nom
est Lady… Milady.
On la
connait bien, Milady ! Même ceux qui n’ont jamais lu les Trois Mousquetaires
d’Alexandre Dumas la connaissent. Elle s’est depuis longtemps inscrite dans
notre mémoire collective. Véritable premier agent secret 00 – son M, l’infâme
cardinal de Richelieu, ne lui avait-il pas donné le droit de tuer – Milady de
Winter est devenue au fil de temps l’emblème de la félonie, la traitrise faite
femme, l’archétype de la femme prête à tout pour assouvir sa vengeance. On la connait bien, mais à travers le portrait
que tireront Alexandre Dumas et Auguste Maquet des Mémoires de M Le Comte de la
Fère, identité secrète d’Athos. Bref aussi bien dire qu’elle nous est inconnue.
Pour compenser
à cette méconnaissance, Sylvain Venayre et Frédéric Bihel lui ont donné la
parole dans cette réjouissante BD, Milady… le Mystère des Mousquetaires.
Prenant la posture contraire à Dumas et à Maquet, les bédéistes racontent les Trois
Mousquetaires, du moins les parties où elle est présente, vue par la fourbe
exécutrice des vils plans du cardinal.
Appuyé par
le dessin élégant et séduisant de Frédéric Bihet, Sylvain Venayre aborde de
belle façon cette nouvelle version des Trois Mousquetaires. Sous sa plume, la
célèbre figure machiavélique atteint une humanité que lui avait refusée le
grand écrivain. D’Artagnan quant à lui chute de son piédestal, passant de
l’archétype du héros parfait à un mousquetaire fat, vaniteux, arrogant et fantasque.
Un d’Artagnan dont on ne sait plus s’il est un véritable crétin ou s’il feint l’imbécilité.
Intelligent,
suave, réjouissante Milady est un plaisir. Redonner une nouvelle jeunesse à une
histoire mille fois racontée, c’est déjà un tour de force. Mais réussir à
capter constamment notre intérêt malgré une intrigue qu’on connait par cœur,
ça, ça tient carrément de la haute voltige. Et c’est exactement ce que font Venayre
et Bihet.
En espérant que le tandem explore la suite des aventures de
cette espionne qui mérite plus que la place que l’histoire lui a accordée.
Nix, Benus, Deathfix, le polar qui
sent le vestiaire, Dupuis.
Sylvain Venayre, Frédéric Bihel,
Milady… le Mystère des Mousquetaires, Futuropolis
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