Le temps d’une famille


                                              
Il y a 75 ans, le sinistre camp de la mort d’Auschwitz était libéré par les forces alliées. Depuis, combien de livres furent écrits et combien de témoignages aussi douloureux les uns que les autres hantent la mémoire collective. De Primo Levi (si c’est un homme) à la monumentale Histoire de la destruction des juifs d’Europe de Raoul Hillberg, nous essayons encore de comprendre, mais en vain. Robert Badinter, célèbre avocat, ancien président du Conseil constitutionnel, ardent défenseur contre la peine de mort est revenu sur l’histoire de sa famille avec Idiss. Ce long voyage, d’une sincérité à toute épreuve, retrace la vie de sa grand-mère, venue à Paris avant 1914. Ce monde qui a disparu, d’un autre temps dirions -nous, est le récit d’une destinée. Celui des juifs d’Europe de l’Est qui fuyaient les pogroms pour s’installer définitivement en sol français. De cet opuscule, maintenant disponible en format poche, nous ressentons dès les premières pages, une immense tendresse. Des maisons voisines, ou tout un chacun s’entraidait, nous comprenons beaucoup le parcours de ces déracinés qui maitrisant peu ou pas la langue de Molière, vont travailler presque jour et nuit, pour assurer à leurs petits, une vie meilleure. Idiss veille au grain et connaîtra la prospérité, grâce à ses fils, due à l’essor florissant des années 20. Et pourtant, celle qui n’avait jamais eu un sou en poche continuera à vitre humblement. Mais dès 1940, l’orage gronde. Le statut sur les juifs est proclamé par l’état français et la descente aux enfers va commencer. En 1942, Idiss s’éteindra, furtivement. L’année suivante, Robert Badinter verra disparaître dans les camps de la mort, son père, sa mère et son oncle. 
Une histoire tragique que l’écrivain sublimera à travers l’image de sa grand –mère. À lire et relire.

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