Stephen King : confiné dans L’institut.
par Robert Laplante
Jamais Tim
Jamieson, policier floridien mis à la retraite après une malencontreuse facétie
du destin, n’aurait cru qu’en acceptant ce poste mal payé de vigile à DuPray, bled
paumé de la Caroline du Sud, il allait mettre le doigt dans un engrenage
infernal. Alors qu’il se croyait pépère et bien planqué dans sa cambrousse, l’arrivée
de Luke Ellis, un jeune adolescent surdoué, télépathe, télékinésiste en fugue, va
complètement bouleverser sa vie. Comme quoi accepter de céder son siège d’avion
à un passager prioritaire peut avoir des conséquences inattendues.
Bienvenue
dans L’institut le tout nouveau thriller fantastique de Stephen King qui
encore une fois réussit à nous surprendre. Il faut dire que l’univers de la télépathie
et de la télékinésie est un terrain qu’il maîtrise parfaitement. Ce n’est, ni
la première fois, et espérons-le, ni la dernière que le monument de littérature
fantastique américaine s’intéresse à ces phénomènes paranormaux. On pense à Carrie,
The Shinning, Doctor Sleep, Dead Zone, mais aussi et
surtout à Firestarter qui en est presque le prologue.
Parce que
comme dans ce bouquin, King scrute l’exploitation de ces « talents particuliers
» par des organisations internationales et des gouvernements. À la différence
que cette fois-ci il n’est pas question de Guerre froide, mais plutôt d’une
collaboration entre nations pour éliminer psychiquement et par précaution des
individus qui dans un futur indéterminé pourraient guider la planète vers des
crises insolubles. D’ailleurs n’est-ce pas ce qu’avait fait le héros de Dead
Zone en assassinant le candidat populiste à la présidence américaine,
instigateur potentiel d’une troisième guerre mondiale.
Si Firestarter
était, malgré ses bonnes intentions et son filon fascinant, plus ou moins
réussi, ce n’est pas le cas de l’Institut qui bénéficie de l’expérience
d’écriture d’un King qui y déploie tout son arsenal narratif et ses grandes
qualités de conteur. L’auteur se donne
le temps de bien développer son intrigue, de bien mettre en place son univers,
sans pour autant tomber dans la grandiloquence et la surenchère de détails
inutiles comme il avait tendance à le faire dans sa période Cujo.
En totale
maîtrise de son écriture et de son rythme, le père de Ça fait valser allègrement
les trois intrigues, au cœur de son nouvel opus, avec une efficacité déconcertante.
Le résultat est 599 pages de rebondissements, de coups de théâtre, d’énigmes
mâtinées du parfum enivrant du conspirationnisme étatique. Une brique qui se
lit d’une traite, sans temps mort.
Depuis une
décennie j’ai renoué avec King après l’avoir abandonné à l’époque de Cujo.
Depuis, il réussit à me surprendre à chaque nouvelle parution, même quand elles
sont plus faibles. Comme quoi, comme le bon vin, il se bonifie avec l’âge.
Le roman
parfait pour vous faire oublier les affres du confinement.
Parce qu’à bien y
penser, nos petites misères sont beaucoup plus confortables que celles que
vivent Luke Ellis et ses amis dans L’institut.
Stephen King, L’institut, Albin Michel
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