Le patient A; On ne badine pas avec Champignac !
Par Robert Laplante : maitre ès arts en BD
Qui aurait cru qu’un jour ce mythique scientifique, pacifiste, environnementaliste/ami de Spirou et Fantasio allait un jour nous dévoiler des pans inconnus de sa folle jeunesse ? Pas moi !
Qui aurait
cru qu’un jour nous allions découvrir que derrière ce mycologue émérite, un peu
champ gauche, se cachait un véritable aventurier aux nerfs d’acier. Un
baroudeur sans peur et sans reproche qui aurait pu en montrer à notre groom
préféré et à son copain de journaliste. Pas moi, en tout cas !
Mais depuis
qu’Etien et BeKa ont décidé, de raconter, ses « péchés de jeunesse, » je m’aperçois
qu’on ne doit surtout pas sous-estimer Pacôme Hégésippe Adélard Ladislas, Comte
de Champignac dont le nouvel opus Le patient A vient tout juste
d’arriver en librairie.
Mai 1941,
toujours installé à Londres le Comte de Champignac reçoit un message de
détresse de deux potes scientifiques, collaborateurs malgré eux des délires
scientifiques hitlériens. Réagissant au quart de tour le célèbre savant décide
de rejoindre Berlin pour les tirer des griffes du loup nazi. Hélas, attaquer le loup dans sa tanière n’est pas une
mince tâche. Même pour ce scientifique de génie. Parce qu’après tout Champignac
n’est pas Doc Savage...
Deuxième
tome de cette série consacrée à la jeunesse de ce scientifique indissociable de
l’univers de Spirou - comme l’était Tournesol pour Tintin ou le professeur
Clairembart pour Bob Morane - Le patient A est aussi réjouissant que
l’était Enigma, le tome précédent.
Les
scénaristes Camille Roque et Bertrand Escaich (BeKa) racontent avec verve et enthousiasme
cette équipée un peu folle, un tantinet inconsciente et résolument dangereuse,
pour ne pas dire suicidaire, dans un Troisième Reich en guerre. Une société
totalitaire où la délation se cache partout et sous toutes les formes.
Appuyé par
le trait séduisant, et tout en rythme d’Étien, le duo de scénaristes nous entraine
dans une incroyable quête aussi séduisante que haletante. Il faut dire que les
auteurs maitrisent parfaitement les codes du genre et qu’ils savent raconter
efficacement une histoire. Pas de temps morts avec eux, rien d’inutile, rien de
trop. Chaque mot, chaque coup de théâtre, chaque révélation, chaque
rebondissement est à sa place. L’histoire démarre sur des chapeaux de roues et
roule à tombeau ouvert jusqu’à la dernière case.
Et puis il
faut bien l’avouer: des nazis, la Seconde Guerre mondiale et les interprétations
libres de certains personnages historiques, qui ne ressemblent pas à des
symboles désincarnés tirés des livres d’histoire, ont tout pour me plaire.
Manifestement BeKa et Etien ont la recette parfaite pour me séduire.
J’ai bien
hâte de voir comme ils vont s’y prendre pour qu’il devienne ce doux rêveur que
nous a présenté Franquin. Parce que pour l’instant, bien qu’il partage
plusieurs points avec lui, il reste quand même assez différent.
Mais ça,
c’est une autre histoire parce que pour l’instant ils ont un filon tellement
riche à exploiter qu’il n’est pas encore le temps de penser à la transition qui
le mènera au Champignac de Franquin. « Dans le temps comme dans le temps »
aurait dit je ne sais plus qui
Pour
l’instant, délectons-nous de ses exploits passés.
Etien, BeKa,
Champignac, Le patient A, Dupuis.
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