Fidèles et courageux amis

 

                                                                 


Qimmik

De Michel Jean

Libre Expression

220 p

Présent lors des bulletins télévisés, journaliste consciencieux à la mémoire longue, Michel Jean raconte l’histoire de son peuple innu de façon plus que poignante. Depuis la sortie de Kukum (2019) qui retraçait l’histoire de son arrière-grand-mère, le succès se dément pas. Sa vie de romancier a «  basculé » et nous sommes particulièrement heureux et fiers.

Avec Qimmik, les amoureux des chiens seront émus, touchés et révoltés. À la suite des campagnes d’abattage dans les années 70, ce fidèle compagnon, résistant, fut presque anéanti. Comme l’écrit si bien l’auteur : «  Pendant près de cinq mille ans (Sibérie, Alaska, ou Groenland), hommes et chiens ont partagé leur quotidien dans l’environnement le plus hostile du Québec. Les chiens ramenaient les chasseurs à la maison à travers le blizzard, ils les protégeaient des attaques d’ours ou de loups et leur permettaient de voyager sur la banquise en sécurité ».

Ils furent vengés

Nous sommes loin, dans le nord du Québec (Nunavik) à la fin des années 50. Saullu et Ulaajuk s’aiment profondément. Bravant les éléments, ils font corps avec la nature. Dans cette étendue pour le moins hostile qui ne pardonne pas, Ulaajuk chasse le phoque, le renard et plus encore, le narval. Avec ses chiens, il parcourt d’immenses territoires, vend les peaux et parfois l’ivoire. Un couple poétique, magnifié par une écriture, qu’il l’est tout autant. Avant les grands chambardements ainsi que les multiples politiques castratrices qui émaneront des deux paliers de gouvernement, leur peuple vit presque à l’abri des regards.

Presque trente ans après, 4 flics, retraités de La Sûreté du Québec sont assassinés en des points divers. Est-ce que l’auteur nous entraîne vers un roman policier, oui et non.

Ève Lavoie, jeune avocate brillante autant que pugnace d’un puissant cabinet montréalais, est envoyée sur la Côte-Nord pour défendre un innu, précisément accusé du meurtre d’un ou des policiers.

Oscillant entre le passé et le présent, les âmes sensibilisent s’abstenir, parfois, Michel Jean fait des chiens (Qimmik), les héros de ce roman. Pour «  casser » le moral de ce peuple nomade, le gouvernement du Québec va abattre de façon sauvage ces chiens fidèles. Pas avec l’armée, non, juste avec des constables sans humanité.

La vengeance sera terrible au coeur de l’Innu. Et cette jeune patricienne qui défend la plupart du temps des criminels trouvera une autre voix : celle de ses origines.

C’est un roman bouleversant, basé sur des faits réels. Soyez patient, savourez chaque phrase et vous remercierez Michel Jean lors du prochain Salon du livre de Montréal.

Braves chiens, si fidèles jusque dans la mort !

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