Tintin pour tous : édition spéciale

                                                          


Tintin

le journal des 7 à 77 ans

L’hommage des auteurs et autrices

Éditions Moulinsart

Le Lombard

396 p

Dans mon enfance, c’était le journal Mickey plus que Tintin. Question de goût et d’époque, je pense. Tardivement, j’ai découvert l’Univers de Tintin en débutant avec Le crabe aux pinces d’or, une véritable merveille. En ouvrant cette édition spéciale du célèbre petit reporter, quel univers fabuleux nous saute aux yeux.

                                                          


 J’en connais plusieurs qui vont aussitôt retomber en enfance et se faire un cadeau qui les occupera durablement, pendant les longues soirées d’hiver.

                                     


Un remarquable travail éditorial

Plutôt que d’imprimer bêtement les diverses aventures qui ont parsemé le Journal Tintin au fil des décennies, l’hommage surmultiplié fait appel à des auteurs/autrices bien vivants. Et ce sont des histoires originales presque hors norme.

                                      


Tel un banquet quatre étoiles, vous pouvez fouiller, sauter les pages, revenir tant il y a du talent à la case. De François Boucq qui s’amuse avec Sébastien Lampion, Alix (Jacques Martin) par Robin Recht, Corentin (Paul Cuvelier) par Christophe Simon, Jugurtha (Vernal-Hermann) par Franck Bacarelli ou Dan Cooper (Albert Weinberg) par Alain Quireix, il y a de quoi lire et se remémorer.

                                      


En plus, l’histoire de ce journal défile avec des textes marquants, solides et magnifiquement illustrés.

Un très grand bonheur pour tous les passionnés de bandes dessinées, art majeur incontournable.


                                                 




Mais qu’est-ce qui fait encore courir Tintin?

Par Robert Laplante

Bon je l’avoue, j’étais un peu sceptique. J’avais, disons, un enthousiasme très modéré face à cet ultime numéro du journal Tintin. Je m’interrogeais sur la pertinence de ce grand retour tonitruant. Pire encore, je ne voyais pas tellement l’intérêt de la résurrection d’un illustré ensevelit sous la poussière de la nostalgie.

Dans ma jeunesse, j’étais plus Spirou que Tintin. Bien que j’en lisais assez régulièrement, je trouvais plus de satisfaction dans la revue de Marcinelle Charleroi que dans celle de l’Avenue Paul-Henri Spaake. Même si j’avais, et que j’ai toujours, un petit faible pour Bruno Brazil, Bernard Prince, Comanche, Rork, La tribu terrible et autres Robin Dubois.

C’est mon bon ami Christophe Rodriguez qui m’a convaincu d’y jeter un coup d’œil. Et Christophe a eu raison d’insister parce que je dois avouer que je m’y suis drôlement amusé.

C’est évident que le parfum de nostalgie qui imprègne chacune de ses pages y était pour quelque chose. Ce n’est quand même pas tous les jours qu’on peut renouer avec des amis que nous n’avions pas vus depuis des lustres. Des copains que je connaissais par cœur, même si je ne les ai pas toujours appréciés à leur juste valeur. Le succès des Casseurs, de Tounga ou de Michel Vaillant, par exemple, restera longtemps un mystère pour moi.

Cet hommage à cette revue, si importante dans l’histoire du 9art, offre un ultime tour de piste à tous ces personnages qui ont nourri l’imaginaire de plus d’une génération de lecteurs. L’espace de quelques cases et de quelques planches, ils revivent une dernière aventure avant de retrouver leur place dans les méandres de notre amnésie collective. Et si c’est vrai, comme le dit le vieil adage, que plus on est loin des yeux, plus on est loin du cœur, cet ultime Tintin a permis de me rappeler que je les aimais, presque autant que ceux de Spirou.

Un effet de la nostalgie réconfortante ? Peut-être. Il faut avouer, que moult de ces réinterprétations, sont particulièrement réussies. Il se dégage de l’ensemble une pertinence et une modernité qui m’a beaucoup surpris. Même si certaines reprises sont moins intéressantes, comme dans tous les ouvrages semblables, j’ai eu beaucoup de plaisir à lire ses quelque 400 pages.

Toutefois le plaisir n’exclut pas le regret et j’en ai eu quelques-uns. J’aurais bien aimé revoir Chick Bill, Strapontin, Taka Takata, les personnages d’Histoire sans héros ou encore Martin Milan. Tout comme j’aurais goûté qu’on pense un peu à Christian Godard, un des derniers bédéistes encore vivants de la grande époque de Pilote et de Tintin. Christian Godard qui semble avoir disparu de la mémoire bédé et qui mériterait qu’on se rappelle encore un peu de lui.

                                                    


Puisqu’on parle de Tintin, je m’en voudrais de passer sous silence la réédition des Bijoux de la Castafiore. Encore une réédition d’une sempiternelle aventure de Tintin, allez-vous me dire ! Qu’est-ce qu’elle a de plus cette version ?

Cette nouvelle version est en fait celle qui avait été publiée dans les pages de journal Tintin entre 1961 et 1962. Et comme on sait qu’Hergé retravaillait ses planches avant de les publier en album, les versions présentées dans les pages du journal étaient différentes de celles immortalisées dans les albums.

Pas de grands bouleversements bien sûr, mais ici est là quelques petits changements de mise en scène, quelques modifications graphiques, quelques légères transformations séquentielles pour rendre la narration plus efficace.

                                      


Conçue à partir des originaux endormis dans les archives du journal des jeunes de 7 à 77 ans, cette version apporte un éclairage nouveau à cet album mythique. Mais une chance qu’on y retrouve un petit dossier spécial au début de l’album pour nous signaler certaines de ses modifications parce que j’avoue que je ne les aurais sans doute jamais remarqués.

Tout comme pour le numéro spécial de Tintin j’ai eu du bonheur à relire ces Bijoux de la Castafiore que je n’avais pas fréquenté depuis un quart de siècle. Je me suis même surpris à le dévorer et à y trouver le même plaisir que j’avais, quand gamin, je le lisais régulièrement.

Manifestement Les bijoux de la Castafiore n’ont pas pris une ride. Et je ne crois pas que ce soit seulement un effet de la nostalgie.

Ça fait du bien de renouer avec mes vieux copains.

Le journal des jeunes de 7 à 77 ans, Tintin. L’hommage des auteurs et autrices d’aujourd’hui aux personnages mythiques du journal Tintin, Éditions moulinsart/Le Lombard

Hergé, Les bijoux de la Castafiore, la version du journal Tintin, Éditionsmoulisart/Casterman


Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

Les bandes dessinées de l’année 2023

Du grand Ken Follett

Les coups de coeur de l’année 2023