La méprise

                                                                     


                                      

Une sale Française

par Romain Slocombe

Seuil

268 p

Après son cycle remarquable sur inspecteur Léon Sadorski, ou comment écrire sur un être ignoble, le romancier français Romain Slocombe plonge de nouveau dans les années grises de l’occupation. Cette période sombre qui marquant la France de 1940 à 1944 ne fut pas toujours celles des héros et de la résistance. Combien en retireront profit, par : la rapine, l’association voulue avec la mainmise hitlérienne, la chasse aux communistes ainsi qu’aux juifs, qui rapporta parfois beaucoup d’argent ainsi qu’une certaine gloire factice qui se conclura au poteau d’exécution. Il faut absolument relire Trafics et crime sous l’occupation de Jacques Delarue (1968), un travail monumental sur les combinaisons les plus sordides de la même manière que le rôle de La Carlingue dans la poursuite aux « ennemis ».

Toujours bien renseigné, Romain Slocombe manie aussi bien l’invention romanesque que l’histoire étaye par de forts dossiers.

Nos sommes au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Aline Beaucaire est interrogée souvent de façon assez brutale par des policiers qui chassent ceux qui ont coopéré avec l’adversaire. Collaboratrice, peut-être, et pis encore, serait-elle « la panthère rouge », associée à la Gestapo qui a fait tomber des filières liées à la Résistance. Tout commence par une méprise, puisque ces dames portent le même prénom et presque le même nom. Captivant de bout en bout et juxtaposant de vrais dossiers avec la fiction romanesque, Une sale Française nous entraîne dans les réseaux occultes, ceux qui combinaient la pègre de Marseille avec l’espionnage allemand, très actif sur tout le territoire français et au-delà.

" Notre " Aline aura le malheur de céder à un bel âtre qui ne jouait pas franc-jeu. Cette simple employée d’hôtel, parlant couramment allemand, qui rêvait juste un peu d’une vie meilleure, tombera dans un engrenage mortel, se confondant avec une véritable vipère qui joua à fond, le jeu du luxe, de la trahison et de la collaboration.

Roman historique en trompe-l’œil d’une époque bien sombre, la fiction très forte l’emporte parfois sur l’histoire. En notre siècle où la fausse nouvelle se répand plus rapidement que la vraie, méditons sur les dangers des ouï-dire.

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