Americana : Voyage au bout de soi.

                                                                 



 Par Robert Laplante

La Pacifique Crest Trail est sans contredit le plus mythique et le plus éprouvant des sentiers américains de randonnée. De la frontière mexicaine à la canadienne, la PCT sillonne la Californie, l’Oregon et l’État de Washington et longe le Pacifique. 4 240 kilomètres d’effort, de sueur, de faim, de soif, de froid, de chaleur, de pluie, de déserts impitoyables, de montagnes majestueuses et de forêts sauvages immortalisés par le roman de Cheryl Strayed Wild : marcher pour se retrouver 


                                                


et par son adaptation cinématographique signée Jean-Marc Vallée. 

                                                


La Pacifique Crest Trail c’est une quête initiatique qui tout comme le chemin de Compostelle bouleverse et chamboule ceux qui l’ont entrepris.

Luke Healy est un jeune adulte irlandais. Un Irlandais qui ne s’est jamais senti chez lui dans sa verte patrie. Un Irlandais qui rêve d’une Amérique mythique forgée à coups de produits culturels américains. En 2016 le bédéiste dublinois quitte le tigre celtique pour se lancer à la poursuite de son rêve américain. Et pour l’apprivoiser, il décide de conquérir la Pacifique Crest Trail.

                                                       


 Ce sentier qui comme la route 51 et la route 66 a façonné la mythologie américaine.

C’est cette randonnée qu’il raconte dans l’émouvant Americana, une brique dessinée fascinante publiée chez Casterman. 332 pages d’anecdotes évocatrices, de paysages grandioses, de personnages savoureux, d’enthousiasme délirant, de découragement profond et d’efforts surhumains. Parce que parcourir la PCT c’est tout sauf une petite balade pépère du dimanche après-midi. La PCT c’est plus qu’une épreuve olympique, c’est un marathon épuisant de 147 jours, pour Luke Healy du moins. 147 jours de marche, à raison de 40 à 50 kilomètres quotidiennement.


                                                       


Mais plus que ça, la PCT, c’est un voyage initiatique en compagnie de sa solitude. Une interminable promenade silencieuse à la découverte de soi-même et de ses limites physiques et psychologiques. Une descente au cœur de son âme au son des plus belles chansons de l’Amérique de la route.

Je n’ai jamais fait la PCT, j’ai toutefois fait une partie de Compostelle. Et bien que je n’aie jamais foulé ce sentier de trekking, je me suis quand même reconnu dans chacune de ses cases, dans chacun de ses dialogues, dans chacun de ses moments d’émerveillement et de découragement, dans chacune de ses rencontres et dans chacune de ses réflexions sur le défi un peu fou qu’il s’est lancé.

Il y a un parfum d’authenticité dans ce roman graphique d’une grande sensibilité qui m’a replongé directement dans ce chemin de Compostelle qui continue encore à me nourrir. J’aimerais bien maintenant qu’il nous raconte ce qu’il a tiré de cette expérience et qu’il nous parle de ce qu’il en reste 4 ans après.

Avec son talent de conteur notable et une franchise remarquable Luke Healy propose un journal de bord d’une expérience marquante qui ne le quittera jamais.

Luke Healy, Americana, Casterman.

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