La haine du prochain

 

                                                                     


Royal Bourbon

De Mathieu Pigné

Michel Lafon

348 p

Contrairement au bandeau publicitaire qui annonce ce premier polar comme transgressif et résolument rock, Royal Bourbon est plutôt une plongée dans les arrière-salles de certains bistrots ou certains rêvent d’un ordre nouveau. L’esprit de Mathieu Pigné, batteur de rock du groupe Animal Triste

                                                              


ainsi que le réalisateur de certains disques, oscille entre le roman social issu du néo-polar et l’acuité qui fit la renommée de Georges Simenon, le père du commissaire Maigret.

Tout commence en 2016 quand un autobus de lycéens frôle la mort d’un accident. Seul absent de ce qui aurait pu se terminer tragiquement : Jeff Moran. Dix ans après, ce même Jeff est devenu journaliste aux faits divers dans un journal local où il s’ennuie royalement. Cynique, multipliant les conquêtes sans toutefois souhaiter un avenir, il tourne en rond.

Dans cette même ville., Dimitri Galkine, puissant homme d’affaires qui contrôle une partie des politiciens en place, lui fait une offre un peu étrange. Il veut repêcher son fils Jeremy, très proche ami de Jeff qui a coupé les ponts avec sa famille. Le richissime monsieur connaît tout du passé ainsi que du présent de Jeff et, les milliers d’euros promis, vont peut-être lui redonner le goût de l’aventure, au pire le sortir de sa torpeur. Méfiant, Jeff finira par accepter, histoire de renouer avec des vies qu’ils souhaiteraient oublier, mais aussi retrouver son copain excentrique.

Des amicales aux idées bien sombres

Comme une enquête digne du meilleur journalisme, Jeff va tant bien que mal remonter la filière. Pour se rendre compte que le fils disparu fricote ou fricotait avec des groupes nationalistes, parfois des familles mafieuses qui souhaitent renverser l’ordre établi. D’un simple polar provincial, nous passons tout doucement à un polar aux envergures internationales sans ce que ce soit toutefois du John Le Carré. Drôle de temps à autre, caustique sans contredit, Royal Bourbon explore les sombres recoins de notre époque qui trouve son reflet dans certaines réunions de troquets ou lieux obscures. Identique encore à ce que nous découvrons dans les méandres de quelques réseaux sociaux, aussi purulents que dangereux. Une première qui vaut la lecture.

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