Humanisme et surconsommation

 

                                                                 


Dernier cri

de Hervé Commère

Fleuve noir

448 p

Voici une découverte captivante, un polar régional qui se double d’une exploration des petites villes en déclin, qu’elles soient françaises ou étrangères, en quête de rédemption. Originaire de Rouen, l’écrivain Hervé Commère est bien placé pour dépeindre son terroir dans « Dernier Cri ». Il s’éloigne des romans d’action de Frank Thilliez, bien que le protagoniste principal soit un ex-policier devenu lobbyiste. Depuis sa sortie du 36, quai des Orfèvres, il mène une vie plutôt banale. Il est satisfait dans son travail, et sa petite famille va bien. Mais, en chemin, il rencontre une ancienne camarade de classe devenue journaliste d’investigation. Le piège se referme sur eux deux, menaçant leur tranquillité. L’assassinat de celle-ci le force à s’enfuir. Il doit retourner dans sa ville natale, Elbeuf, située en plein cœur de la Normandie, afin de trouver l’assassin.

Un ex-policier ne lâche jamais prise sur ses contacts. Il fera donc appel à certaines personnes à la moralité douteuse pour « effacer ses traces », puis échangera contre de l’argent son « blaze » pour un nom d’emprunt.

Pourquoi Elbeuf, une petite ville spécialisée dans le tissu et la filature, a-t-elle vu son économie s’effondrer alors que tout fut transféré dans le pôle asiatique, où des ouvriers asiatiques de misère inondent le marché avec des tissus de qualité inférieure (mode éphémère) ? Justement, parce que sa maîtresse, Anna Dufossé, enquêtait sur un réseau de trafic humain à l’échelle de la France, y compris dans cette petite ville qui servait de point d’ancrage.

Roman territorial où Étienne Rozier va se retrouver avec les gens d’en bas, les sous-salariés d’une société d’entretien qui agit sur la région en question. En 400 pages, c’est toute notre époque qui défile sous nos yeux. De la reprise, d’une compagnie de vêtements par deux jeunes aux dents longues et à la « morale élastique » en passant par la corruption des élus , puis le dégât que crée la mondialisation des producteurs de vêtements, ce brillant polar est aussi dynamique qu’instructif. Assurément, cet auteur vaut la peine d’être suivi !

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