Ma vie avec (et sans!) Lucien : Laissez le bon temps rouler.
Par Robert Laplante
Ah, la belle époque de Métal Hurlant, l’une des revues de bandes dessinées les plus captivantes des décennies 70 et 80. Un magazine qui me remplissait de joie à chaque nouveau numéro, même si je ne comprenais pas toujours pourquoi.
Pour une grande partie de ses adeptes, Métal Hurlant, c’était le mythique Moebius, le légendaire Druillet, Richard Corben et d’autres artistes de bande dessinée talentueux inspirés par la science-fiction et les littératures de l’imaginaire. Pour ma part, c’était ses critiques acides, mais hilarantes, de disques, de polars, de films, etc. C’était aussi les petits joyaux d’humour déjanté de Frank Margerin, dont sa série « Lucien ». Ces petits diamants dessinés me font toujours autant rire aujourd’hui, et ils m’ont profondément marqué. Si j’ai visité Malakoff lors de mon premier séjour à Paris, c’était à cause de Margerin, de la bande à Lucien et de ses terribles motards.
Mais voilà, Margerin n’en fait presque plus des bandes dessinées. Alors, quand j’ai un coup de blues, je dois me contenter de relire mes vieux Lucien défraîchis et espérer un nouvel opus.
Bon, il n’y a toujours pas de nouvelles de Lucien, mais nous avons enfin une nouvelle interview de Margerin dans nos librairies. Cependant, ce n’est pas vraiment une interview de Margerin, mais plutôt une longue conversation qu’il a accordée à Samuel Guillerand, un musicien, pigiste, auteur et microéditeur. Cette interview a été publiée par les éditions Mediapop sous le titre « Ma vie avec (et sans !) Lucien, cinquante truculentes années de BD et de presse.
Pour ça, truculente, on peut dire qu’elle l’est cette entrevue. Le bédéiste, comme aime le définir Guillerand, s’y livre avec humour et honnêteté sur sa carrière, son avenir, sur la bande dessinée actuelle, sur le rock’n’roll et sur ses années métal, complètement folles, mais aussi anarchiques que le rock’n’roll et le punk.
Avec une franchise rafraîchissante et un enthousiasme contagieux, Margerin se confie à un confesseur qui sait se montrer discret et se mettre à son service. Jamais Guillerand ne cherche à se vanter de ses profondes connaissances sur Margerin ou à lui suggérer des réponses qu’il souhaiterait entendre. Au contraire, il lui laisse toute la latitude nécessaire pour qu’il puisse s’exprimer sans retenue, sans détours et sans complaisance.
À partir de l’échange question-réponse, Guilleraud nous entraîne dans les coulisses de la vie d’un des artisans les plus sympathiques de la bande dessinée. Aussi sympathique que son Lucien. Dès ses premières réponses, remplies de bonté et d’une fraîcheur désarmante, on a envie de l’appeler ami.
Depuis son enfance à sa carrière dans la bande dessinée, de son amour pour les motos à sa passion presque maladive pour la « chinerie, » de ses débuts dans la bande dessinée à ses déceptions au cinéma, de ses années métal à ses années Fluide Glacial, en passant par ses années musicales, Margerin se dévoile à nous sans fard et avec humilité. Il est toujours ravi de créer de petits Mickey, de faire des tournées de festivals de bandes dessinées et de rencontrer ses admirateurs.
Il ressort de Ma vie avec (et sans !) Lucien, un immense sentiment de satisfaction et de plaisir. C’est comme si le véritable Margerin correspondait à l’image que j’avais de lui lorsque je découvrais ses albums : modeste, amical, sans prétention et hilarant.
J’ai toujours kiffé Lucien et ses amis. Mais je sais maintenant que c’est Margerin que je kiffais. Ses personnages, que j’admirais tant, étaient en fait des représentations de sa propre personnalité, marquée par son humour et son optimisme.
J’espère bien, un jour, avoir la même chance que Guillerand et passer, moi aussi, quelques minutes avec Lucien, Ricky, Riton, Gillou, Nanard et Manu. Avec Frank Margerin, quoi !
Un impératif !
Frank Margerin, entretiens avec Samuel Guillerand, Ma vie avec (et sans !) Lucien, cinquante truculentes années de BD et de presse, Médiapop Éditions.






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