Philipp Kerr, Bernie Gunther...coup de chapeau



C’est avec un puissant pincement au cœur que nous avons lu la dernière aventure du détective Bernie Gunther. Comme cela et sans crier gare, son créateur, le romancier Philipp Kerr est parti rejoindre son auteur fétiche, le romancier américain Raymond Chandler. Depuis 1990, nous devînmes des fidèles de La trilogie berlinoise, et plus particulièrement du premier tome : Les violettes de Mars. Il fallait quand même beaucoup de courage et d’inventivité pour mettre en scène, un commissaire, puis, détective sous le III Reich. Avec humour, et un sens de la subversion, Kerr réussit l’impossible, soit de nous faire aimer son héros pris dans la tourmente et dépeindre avec un talent féroce, comme si nous y étions, ceux qui ont plongé le XXe siècle dans une guerre abominable.   
Dans le nid d’aigle
Avec Bleu de Prusse, aussi brillant que les précédents, et peut –être davantage, le romancier travaille sur deux époques. En 1956, Bernie Gunther exilé dans le sud de la France reçoit la visite d’agents de La Stasi (police secrète de l’Allemagne de l’est), ainsi que d’un ancien comparse de travail qui s’est reconverti dans les basses œuvres. Pour «  s’offrir  » une nouvelle vie ainsi qu’un passeport qui lui assurera une certaine sécurité, il doit aller en Angleterre et empoissonner une vieille connaissance. Utilisant le subterfuge de celui qui veut s’en sortir, il acquiescera, mais prendre la poudre d’escampette lors d’un voyage en train. Comme tout est dans tout, la résolution de l’énigme, se trouve-la. En quelque sorte, nous faisons aussi un bon en arrière. En 1939, le nid d’aigle, demeure du Führer pendant ses vacances, est assombri par un meurtre. Pour éviter que le maitre des lieux ne soit averti, il faut rapidement démasquer le coupable.  C’est le sinistre Heydrich, l’homme de la Solution finale qui fait appel à Gunthrer, justement parce que son anticonformisme le poursuit. Entre le meurtre du docteur de Roger Ackoyd (Agathie Christie) et Le grand sommeil (Raymond Chandler), cette résolution d’une énigme en vase clos est une petite merveille. Carburant aux amphétamines, côtoyant la pire racaille nazie (Bormann, Himmler, Goering), et j’en passe, ce Bleu de Prusse est un digne hommage au roman policier, saupoudré de plusieurs leçons d’histoire. Dans ce panier de crabes ou Bernie Gunther ne perdra jamais ce qui fait son charme, même au péril de sa vie, saluons humbles lecteurs, que nous sommes, notre regretté ami Philipp Kerr.

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