Pour les journalistes et le journalisme
Il fut une époque,
certains diront l’âge d’or, où il était possible, d’envoyer les journalistes sur
les zones de conflits, sans qu’ils reviennent dans un linceul noir. Certes,
Robert Capa y a laissé sa vie (une mine), David « Chim » Seymour (Suez) ou
Larry Burrows (accident d’hélicoptère pendant la guerre du Vietnam), mais jamais
ou presque, un journaliste ne fut assassiné. En cette funeste année 2018,
85 journalistes ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions et nous
faisons le décompte tragique des organes de presse qui meurent à petits feux.
100
ans de presse à travers les unes
C’est un très beau
livre qui s’expose, bien plus que sur une table à café. À notre époque
virtuelle, ou l’information se consomme, à la nano seconde, un retour en
arrière ne fait jamais de mal. Professeur des universités à Paris I Panthéon-Sorbonne,
Patrick Eveno aime la presse, les journalistes et l’histoire. Sous le type
grand format, il remonte le cours du temps avec des unes qui frappent, sans
être sensationnaliste. Du premier homme sur la lune à l’assassinat de Martin
Luther King, de la victoire du Front populaire à la une immonde de Der Stürmer,
sans oublier la victoire de Barack Obama et la chute du mur de Berlin, ce cours
d’histoire en accéléré est plus qu’utile.
Le
couronnement
Une plume, du style et
de l’honnêteté, voici ce qui couronne chaque année, un ou des journalistes avec
le prix Albert Londres. « Goncourt des journalistes, French Pulitzer, la
présidente Annick Cojean sait de quoi elle parle. Avec les mémoires de la Shoah
(1995), elle relayait les mémoires par l’intermédiaire de 3000 rescapés qui ont
accepté de témoigner. "Grands reportages, Prix Albert Londres, le monde
depuis 1989" est un composite remarquable, une bible pour tous les
journalistes, mais aussi ceux et celles qui se passionnent pour l’histoire en
mouvement. Sur plus de 8 feuillets, ces reporters creusent, décrivent, donnent la
voix aux oubliés comme dans Le Far-West des océans, La colline de Bamout, ultime
espoir de la résistance tchétchène ou Pays hanté, dix ans après génocide du
Rwanda. Nous retiendrons aussi ces reportages sur Marseille : quartier
Shit, banlieues années zéro, ainsi que ce portrait sur l’écrivain Didier Daenninckx,
auteur de romans noirs farouchement engagé qui traque les erreurs du passé. Et c’est ainsi que le journalisme se veut !
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