Un vrai film noir

                                         

 Est si la légendaire Série Noire fondée en 1945 par Marcel Duhamel faisait un grand retour ? Après quelques années d’errances, la célèbre collection semble avoir retrouvé son souffle. Avec Requiem pour la république du journaliste de Médiapart : Thomas Cantaloube, nous plongeons au cœur de la Guerre d’Algérie, avec son lot de barbouzes, de truands non affranchis et pas des demi-sel, d’anciens collabos qui travaillent au plus offrant. Pour qui, s’est déjà intéressé à cette période pas trop glorieuse de l’histoire de France, vous allez reconnaître des personnages connus comme : François Mitterrand, jeune député, François Marcantoni, « puissant parrain du tout Paris », Jean-Marie Le Pen, Le SAC (Service d’action civique), une association au service du Général de Gaulle qui accueilli son lot de malfrats, spécialisé en coups tordus, et non le moindre : Maurice Papon.

Trois destins, une histoire   

À l’automne 1959, un avocat algérien lié au FLN est assassiné dans son appartement. Cette » opération » qui provient des sphères gouvernementales tourne mal, puisque toute une famille est décimée. Luc Blanchard, jeune policier pétri d’illusions, est sur l’affaire, ainsi qu’Antoine Carrega, ancien résistant corse affilié au Milieu, et Sirius Volkstrom, ancien collabo, exécuteur de basses œuvres. De la politique à fiction, il n’y a qu’une ligne et Thomas Cantaloube l’a franchi brillamment. Comme le fit François Joly à une époque (Be-Bop, Lula, L’homme au mégot), ces deux titres étant issus de la Série Noire d’antan, l’auteur nous fait visiter les dessous d’une république qui cache tant bien que mal les cadavres ainsi que les opérations de nettoyage. Au cœur de ces affrontements, nous retrouvons bien entendu les alliances politiques qui se font et se défont au gré des intérêts et de la sûreté de l’état, les liens, assez tenus entre gens du Milieu et hommes politiques qui ferment les yeux ou trouvent un terrain d’entente, et parfois, un idéaliste comme notre policier qui rêve à un monde meilleur. 

Une superbe fresque et quel cours d’histoire ! Avis aux amateurs.