Utopie en Nantes-Atlantique
Utopie en
Nantes-Atlantique.
Par Robert Laplante
En 2000 un
vieux projet qu’on croyait mort et enterré refait surface : celui de
l’aéroport du Grand Ouest. Mise sur
la glace après les chocs pétroliers de 1973 et 1979, la nouvelle aérogare,
imaginée en 1963, reprend du service avec la volonté gouvernementale de
valoriser le développement international et européen de la région
Nantes-Atlantique. En 2005 des centaines de jeunes Français écologistes,
anticapitalistes, antiautoritaires et à la recherche de modes de vie
alternatifs convergent vers Notre-Dame-des-Landes,
là où on veut ériger l’aérodrome. Rapidement cette zone d’aménagement différé
devient une zone à défendre, une ZAD.
Pour ceux
qui suivent l’actualité hexagonale, la résistance de Notre-Dame-des-Landes n’est
pas inconnue. Tentative de concrétiser une utopie, l’épopée est vite devenue
emblématique des nouvelles perceptions du développement durable des nouvelles
générations.
Malheureusement les journalistes des grands médias,
comme pour beaucoup d’autres mouvements citoyens, ont inconsciemment caricaturé
et désincarné le mouvement la réduisant en une occupation naïve, vaguement baba
cool, témoignage d’une génération gâtée, inconsciente des grands enjeux
économiques ou pire encore en lutte contre le capitalisme et le progrès. Il
faut le reconnaitre qu’il était presque impossible d’ici de la voir de
l’intérieur avec ses richesses et ses contradictions.
Pour palier
a cette absence Thomas Azuélos et Simon Rochepeau ont plongé au cœur de
l’expérience avec La ZAD c’est plus grand que nous, une exploration fascinante
de l’âme de cette communauté utopiste.
Mi-reportage
mi-bande dessinée chorale, La Zad c’est plus grand que nous présente le
quotidien de quelques personnages qui composent son paysage bigarré. En
refusant de se consacrer aux porte-paroles médiatisés, en s’intéressant aux
anonymes les auteurs donnent une humanité à un mouvement que les médias ont eu
tendance à tracer grossièrement.
Avec la
franchise des documentaristes, les bédéistes ne cachent rien du mouvement. Ni de
ses moments géniaux, ni de ses espoirs, ni de ses tensions, ni de ses
difficultés à unir et à gérer tous les groupes progressistes qu’il accueille en
son sein et qui ne sont pas toujours tendres entre eux et en accord avec les
objectifs adoptés en assemblée générale.
Tissé à
partir d’histoires vraies et fausses cette bande dessinée est le portrait d’une
fabuleuse initiative qui mérite d’être regardée de plus près et qui risque de
renaitre de ses cendres un jour ou l’autre.
Les créatures du marais.
Une société
en harmonie avec la nature, qui ne l’empiète pas, qui ne la viole pas, qui ne
la détruit pas. Je ne sais pas si c’était le rêve des adolescents de Green Class, un sympathique bd
d’anticipation signée Tako et Hamon,
mais je suis certain qu’à la fin de cette nouvelle série il le sera.
Noah, un
jeune Canadien et une dizaine de ses amis sont en classe verte dans les bayous
humides et nauséabonds de la Louisiane. Coupés du monde pendant quelques jours
ils n’ont aucune idée de la terrible catastrophe qui s’attaque à l’Amérique.
Alors qu’ils s’apprêtent à retourner vers la civilisation, où les attend l’avion
qui les ramènera à Toronto, Noah tombe malade. Une maladie qui provient d’un
virus inconnu qui transforme ses hôtes en puissants mutants incontrôlables. Refusant
d’être rapatriés ses amis décident de veiller sur lui dans ce no mans land
cauchemardesque au parfum de fin du monde.
Belle petite
surprise, ce premier tome de Green Class se laisse lire avec beaucoup de
plaisirs. Avec son univers bien maitrisé, son scénario plein de rebondissements
et son dessin dynamique, le premier tome de la série réussit à nous garder sur
le qui-vive et à nous surprendre malgré la thématique qui a un parfum de déjà-vu.
Qui n’a pas lu des romans, des bédés ou visionné des films sur une pandémie !
Le sujet archiconnu certes, mais les auteurs l’abordent intelligemment. Ils
nous promènent avec enthousiasme sur ces sentiers déjà balisés qu’ils
revisitent et respectent avec nuances et subtilités.
Ce premier
tome intéressant laisse entrevoir de belles promesses pour la suite. En
espérant toutefois que le dessinateur aère un peu plus sa mise en page. Avec
moins de cases par page, Green Class
gagnerait encore plus en lisibilité et en efficacité.
Si Paris vaut bien une messe, Green
Class, lui, mérite moins de cases.
Tomas Azuélos, Simon Rochepeau, La
ZAD c’est plus grand que nous, Futuropolis.
David Tako,
Jérôme Hamon, Green Class, tome 1 Pandémie, Le Lombard.
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