Le procès de Gilles de Rais : La création d’un croquemitaine.
Par Robert Laplante.
De tous les
personnages créés par Jacques Martin, Arno, le musicien napoléonien qu’il
faisait avec André Julliard et Jhen, l’architecte, ami de Gilles de Rais et de
la Pucelle d’Orléans, qui parcourait une France ravagée par la guerre de Cent
Ans, reste mes préférés. Et c’est dans cette dernière série que selon moi le
père d’Alix démontrait toute la richesse de sa rigueur historique et de ses
grands talents de conteur.
Le procès
du monstre.
13 septembre
1440, une délégation officielle se présente au château de Tiffauge et cite
Gilles de Rais, à comparaitre devant les juges nantais. La justice reproche au
Maréchal de France d’avoir violé le privilège ecclésiastique. En voulant
reprendre le château de Saint-Etienne de Mermorte, qu’il avait vendu à Jean Le
Ferron pour rembourser ses dettes, de Rais était entré avec ses soldats dans
l’église et menacés d’égorger le prélat et frère de Jean Le Ferron.
Soupçonnant
le pire, le Barbe Bleue nantais demande à son ami Jhen de retrouver une statue
de la vierge qui pleure qu’il a confié à l’abbaye de Grandchamp. Avec cette
statue de Rais, espère retrouver la quiétude nécessaire à assurer sa bonne
défense.
Parce de
Rais n’est pas fou, il sait très bien que cette accusation n’est qu’un
prétexte. Il sait très bien que ce sont les rumeurs de sodomie, de pédophilie,
d’infanticide – on parle de 140 enfants assassinés – de sorcellerie et de
tractations avec le démon qui seront au cœur du procès.
Sans ami,
sans protecteurs puissants, en disgrâce royale, l’impulsif et imprévisible de
Rais est visiblement condamné d’avance. Jhen parviendra-t-il a trouvé à temps
la vierge pour sauver son ami ?
Le dénouement
du procès de Rais est connu. Le 26 octobre 1440, le connétable de France est
pendu et mis sur le bucher. Jhen n’aura donc pas réussi sa mission.
Mais à la
limite on se fout un peu de cette mission. Elle n’est pas vraiment importante,
tout au plus secondaire. Non l’essentiel de cet album réside à la fois dans ce
mythique procès et dans la façon dont s’est échafaudé sa démonisation au point
d’en faire un archétype du monstre, le premier tueur en série de l’histoire.
Mêlant
adroitement l’histoire et la fiction, Pleyers
et Néjib racontent avec passion et rigueur ses derniers jours sans ne
jamais tomber dans la légende. Ils tentent avec succès de rendre aussi fidèlement
que possible ce procès qui a marqué profondément l’imaginaire collectif
médiéval.
Tant pis
pour Jhen il redeviendra la vedette pour
son prochain album !
Combat
rock.
1980, alors
que la nouvelle décennie montre le bout de son nez, The Clash lance l’album Sandinista,
du nom du groupe révolutionnaire qui luttait contre la famille Somoza aux
commandes du Nicaragua depuis 1936. Album triple, vendu au prix d’un album
simple, le nouveau Clash est décrié à sa sortie par la critique anglaise et ne
remporte pas le succès espéré.
Pourtant plus
de 30 ans après, tous reconnaissent l’influence qu’il a eue sur la musique
populaire. Prophètes incompris en 1980,The Clash avait composé une œuvre déconcertante,
loin des canons punks, mais ouverte aux nouvelles tendances musicales, un album
contemporain toujours aussi actuel maintenant. Avec Sandinista ils sont entrés
dans le panthéon des créateurs qui ont bouleversé et transcendés les genres
musicaux.
Vincent
Brunner collaborateur des Inrockuptibles et de Libération s’intéresse depuis
son adolescence à cet album mythique. En épluchant les différentes entrevues
que les membres acteurs de l’album ont données, en décortiquant chacune des
chansons, Brunner tente de cerner le processus créatif de l’album Sandinista.
Le résultat
est passionnant, une plongée fascinante au cœur d’un album légendaire et d’un groupe
qui l’est tout autant. Et si on peut reprocher à Brunner ses expressions
francofranchouillardes, ses anglicismes, ses allusions à Donald Trump, son
intellectualisme un peu exagéré et son utilisation des entrevues des autres
journalistes – il aurait pu les faire lui-même – il reste que Sandinista vaut
le détour pour redécouvrir cet album et l’écouter d’une autre façon.
Le
crépuscule des Dieux.
Nouvel album de Franquin, Slowburn sur un scénario de Gotlib est une très très courte bédé
publiée dans le numéro 9 de Fluide Glacial. Sans être une BD
essentielle, cette collaboration entre Franquin et Gotlib est assez amusante.
Une bédé mineure qui ne devrait intéresser que les aficionados de ces deux
grandes légendes de la BD.
Pleyers, Néjib, Jacques Martin, Le
procès de Gilles de Rais, Casterman,
Vincent Brunner, Sandinista ! 12 décembre 1980. The Clash fait
sa révolution, Le Castor Astral.
Franquin,
Gotlib, Slowburn, Fluide Glacial.
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