La folie en quatre
Avec ce joli titre
emprunté à une magnifique chanson du compositeur, chanteur Daniel Bélanger,
nous ouvrons officiellement la rentrée littéraire avec un roman sur fond historique
assez troublant. À 31 ans, la jeune romancière Victoria Mas explore un sujet
peu connu ou diffusé, celui de l’internement des femmes à Paris, en un siècle
ou elles n’avaient aucun droit. Le bal des folles, c’est aussi la naissance des
techniques expérimentales en médecine, comme l’hypnose pratiquée par le
professeur Charcot à la Salpêtrière en 1885. Avant de devenir un célèbre hôpital,
ce lieu servait à enfermer les malades souffrant de démences, ainsi que ceux et
celles enfermés contre leur gré, telle Eugénie qui loin d’être folle, parle aux
disparus. Au fil de ce roman touchant et dur parfois, vous allez croiser des jeunes
femmes abusées, laissées à la rue ou sombrer dans un état catatonique quand leur
petit disparaît juste après l’accouchement.
Les âmes perdues
Malgré leur état mental
assez alarmant, elles se font un devoir de participer chaque année au bal des
folles. Devant un parterre mondain, les professeurs Charcot et Babinski expérimentent
des techniques d’hypnose, ce qui attise le voyeurisme, mais jamais la souffrance !
On ne leur en voudra pas trop à ces médecins aliénistes, un peu comme dans le
roman de Caleb Carr (l’Aliéniste) qui traitait des premiers pas pour comprendre
ce qui se passait dans le cerveau des criminels. À travers Eugénie-la figure
centrale de ce roman toute dédiée aux femmes -, elle découvrira des femmes de cœur :
« Oh, non. Tu vois, je m’ suis jamais sentie aussi tranquille qu’entouré de
folles. Les hommes m’ont maltraitée. Mon corps est cabossé, j’ai des douleurs à
crever chaque fois que je pisse. J’ai une cicatrice qui m’traverse tout le sein
gauche, on a voulu me couper au couteau. Ici, je suis protégée. On est entre
femmes ».
Plus qu’un roman, un tableau qui évoque une époque sombre. Une très
belle réussite
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