Méditer sur une époque déconcertante avec Amin Maalouf



                                   

Parfois, il y a des livres qui vous suivent tout l’été. Peu importe les occupations, nous en lisions un petit chapitre, revenions sur le précédent pour saisir un tant soit peu l’essence du propos. À 70 ans, le romancier libanais et ancien journaliste, ne l’oublions pas Amin Maalouf pose un regard sur le monde qui nous entoure et plus encore, son monde, son pays qui au fil des décennies s’est considérablement transformés. Avec le Naufrage des civilisations qui rappelle un peu : Plaidoyer pour une Europe décadente, du regrette Raymond Aron, Amin Maalouf se remémore ce que fut sa jeunesse jusqu’à la guerre des six en 1967. Loin du pensum politique, cet ouvrage s’adresse aux curieux, à tout un chacun qui veut aller au-delà de l’analyste simpliste, comme nous entendons trop hélas !
Sans dire que c’était mieux avant
Nous rappelions que le romancier a fait ses premières armes comme journaliste. Venant d’une famille déracinée qui a dû quitter son Liban natal, Maalouf comme son père, journaliste » poète est un observateur curieux. S’il reproche au monde arabe, «  l’indigence de sa conscience, il reproche aussi aux occidentaux de chercher le pouvoir à tout prix et plus encore, un contrôle sur des politiques incertaines ». Il est bon parfois de remonter le cours de l’histoire qui n’est pas sans fin, comme put l’écrire à une époque Francis Fukuyama. Raymond Aron citait souvent Toynbee : “ history is again on The Move ». Pour le romancier, La guerre des Six Jours, soit la victoire d’Israël sur les états arabes fut LE moment décisif. De cette cassure, il en résulta une humiliation, mais aussi, une cicatrice jamais fermée.

La révolution conservatrice
À travers ses souvenirs et l’œil du journaliste, il tend un fil avec l’arrivée au pouvoir de Margaret Tatcher, la chute du Chah d’Iran et la montée du conservatisme religieux et l’élection de Den Xio Ping . Après des années où le bonheur devait normalement se trouver à gauche, le conservatisme trouvait une nouvelle voie avec son corollaire : moins d’état et plus de marché. De ce mode à la dérive qui va vers un naufrage, et nous partageons un peu son pessimisme, Amin Maalouf essaie de tirer quelques conclusions, pas très encourageantes. «  Non, ce n’est pas la nostalgie qui parle à travers moi, c’est mon inquiétude pour l’avenir, c’est ma crainte légitime de voir mes enfants, les petits-enfants et leurs contemporains, vivre dans un monde ce cauchemar (…) Il est donc nécessaire, et même impératif, d’alerter, d’expliquer, d’exhorter et de prévenir ». Eh oui !

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