Conte féroce pour les grands enfants

                                             

Parmi les auteurs de romans policiers ou noirs selon la tendance, R.J Ellory trône au sommet du palmarès. Si je n’ai pas lu Le chant de l’assassin, plébiscité une fois de plus par les critiques et lecteurs passionnés, j’ai en mémoire son inoubliable Vendetta, un véritable tour de passe –passe qui nous ramenait au cœur de La Nouvelle-Orléans, tout en faisant un aller-retour sur presque 50 ans de relations entre la pègre et l’état américain. C’est avec un plaisir non dissimulé que j’ai lu évidemment, Les fantômes de Manhattan qui était passé «  sous le radar ».

Une libraire bien tranquille.

Est-ce un roman policier, peut-être, mais nous sommes en présence d’une histoire qui rappelle les belles heures de ces romans-fleuves à tiroirs ( Alexandre Dumas, Eugène Sue), avec son lot de méchants, de chausse-trappes et d’amour indécis.   Annie O’ Neil est une jeune femme tranquille, propriétaire d’une petite librairie à Manhattan. Elle couve ses livres amoureusement, fait des recherches, connait tous ses clients, mais elle «  souffre d’un grand mal  » : la solitude. Si son travail la satisfait pleinement, son état de célibataire lui convient beaucoup moins. Romantique comme à l’époque du 18^e, à la recherche du prince charmant, toute une épopée, elle se désole un peu.

Un jour, mais, ce ne fut pas le prince charmant, un client d’âge avancé lu offre un manuscrit qui raconte l’histoire d’un enfant polonais, rescapé de la Shoah qui sera adoptée par un soldat américain. Au fil de la lecture parcimonieuse, parce que le client en question fait indûment durer le suspense, mais pas pour de bonnes raisons, elle en apprendra un peu plus sur son père, disparu sans laisser de traces qui lui laissa avant de s’évaporer dans la nature, un livre très ancien. Plus roman noir, que policier, Les fantômes de Manhattan sont un véritable coup de maître, un piège pour lecteur averti qui va lui rappeler ses lectures d’enfance sont, L’île au trésor de Robert Louis Stevenson. Fin limier qui nage en eaux troubles, R.J Ellory vous prend par la main et doucement, vous allez plisser dans cette intrigue aux ramifications insoupçonnées. 

Prenez en bien note, cette nouveauté en livre de poche se glissera aisément sous l’arbre de Noël.