Une vie sous les obus
C’était une voix et
celle d’un intrépide correspondant de guerre. Avec la sorte du film : Sympathie
pour le diable de Guillaume de Fontenay, tiré en quelque sorte de son roman éponyme (Stock),
nous revivons les années Paul M. Marchand (1961-2009).
Trop tôt
disparu, il est entré dans la légende comme Robert Capa, Ernie Pyle, Larry Burrows. De ce film que je n’ai pas encore vu, cordonnier mal chaussé, j’ai
aussi en mémoire ses récits de guerre qui trente ans après, n’ont pas pris une
ride. À la voix et l’éclat qui en dérouteront certains et certaines, nous ajouterons
que ce jeune homme ne faisait pas dans le faux-fuyant. Des faubourgs de la
guerre civile au Liban jusqu’à la guerre de Sarajevo,
le parcours fut fulgurant.
Loin des fictions hollywoodiennes, il vivait au cœur des combats, fréquentait
un peu trop les morgues, parce que : « Pour un journaliste, le bilan d’une
journée de combats ou de bombardements dépend essentiellement de l’amour qu’il
a pour le travail précis, bien fait. Autrement dit de l’amour qu’il porte aux
cadavres. Un bon correspondant de guerre est avant tout amoureux des morgues,
des cimetières et des fosses communes ». Vous voilà prévenu.
Le
souci de la vérité
En lisant ces écrits,
je songe parfois aux Croix de guerre de Roland Dorgelès qui narrait la bataille
de Verdun et les hommes pris dans les boyaux. Parce que l’ami Paul faisait
corps avec son métier, défiant les tireurs embusqués dans cet enfer de feu et
de souffrance. « Toutes
motivations réduites, on s’adressait à des pierres aveugles et sourdes. L’énoncé
des chairs immolées et des canicules de furies était superflu. Nous étions des
bouffons et la guerre restait captive de ce qu’elle était : un mètre étalon
avec lequel chacun mesurait ses propres malheurs, ses peines, ses frustrations,
ses aigreurs et ses déceptions. Nous n’étions plus des journalistes, mais des
soupapes de sécurité pour nos pays baignant dans la paix ».
Et c’est ainsi que
vécut Paul M Marchand.
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