Alfred Hitchcock : Dessine-moi un suspense.


                                                              
Par Robert Laplante

Sa silhouette rebondie est légendaire, autant que ses petits monologues au début des épisodes de sa série télé, ses anthologies des nouvelles ou ses thrillers cinématographiques.

                                               



Mais Alfred Hitchcock n’est pas qu’une légende du suspense qui a redéfini le genre, imposé son imprimatur, et qui est devenu une référence. Il est avant tout un être complexe, insaisissable, déstabilisant. Un monstre sacré dont la vie est aussi, et peut-être même plus, fascinante que ses films. Ce n’est pas pour rien que Julian Jarrod en a fait le personnage principal de The Girl en 2012 la même année que Sacha Gervasi proposait son excellent Hitchcock.

C’est cette même fascination qui guide Noël Simsolo et Dominique Hé dans cette biographie dessinée consacrée au créateur de Psycho. C’est d’ailleurs sur Psycho que s’ouvre cette biographie qui couvre la période anglaise du grand réalisateur. De son enfance à La Taverne de la Jamaïque en 1939 – son dernier film britannique – c’est toute l’évolution de l’imposant – au sens propre comme au sens figuré - réalisateur qui se dévoile devant nous. Ce qui n’est pas une mince tâche puisqu’il se livre peu  et garde un silence jaloux sur sa vie personnelle faite de non-dits et de retenue. Il parle peu de lui, mais n’hésite jamais à porter des jugements lapidaires sur certains collègues réalisateurs et sur certains comédiens narcissiques.
   

                           
                           

Sans cacher quoi que ce soit, le duo explore son parcours créatif, sa soif de liberté artistique et son désir de contrôler entièrement le processus de création de ses films. Ambitieux, fonceur, grand connaisseur du cinéma et de la littérature et éternel insatisfait, le vieil Hitch - qui même jeune adulte parait toujours vieux - n’hésite jamais à se remettre en question et craint toujours les réactions négatives des amateurs des salles obscures.
Si le scénario est captivant, si Simsolo sait raconter une histoire en choisissant de séduisantes anecdotes significatives, il est malheureusement un peu gâché par le dessin un tantinet rigide de Dominique Hé.
Le dessinateur insuffle difficilement une vie et du rythme à l’univers du cinéaste. Sous sa plume les protagonistes deviennent un peu artificiels, froids, presque désincarnés.
Dommage, parce qu’un dessin plus inspiré aurait pu traduire toute la force évocatrice de la vie de ce réalisateur mythique, devenu une marque de commerce, qui a nous a tant influencé.

Une lecture intéressante, mais avec quelques réserves.

Noël Simsolo, Domique Hé, Alfred Hitchcock tome 1 L’homme de Londres, Glénat.

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