Carnets de route dans le sud profond
Il y eut Hunter. S.
Thompson avec son style « gonzo » et bien avant, Truman Capote pour
De sang -froid. Entre le journalisme, le récit et le roman, la ligne était
mince, mais combien de journalistes s’y sont engouffrées. Parce que certaines petites maisons d’édition
ne sont pas trop avides de succès, nous avons la chance de redécouvrir ce que
fit l’auteur et romancier Harry Crews. Ah, ce fut un sacré bonhomme ! Privilégiant
le terroir et la vie disons reculée au brouhaha des grandes villes, son œuvre fut
composée de romans baroques, déjantés comme : Le chanteur de gospel, La
foire aux serpents, Body Car ou Nu dans le jardin d’Eden. Avec Péquenots (Finitude), nous sommes en présence d’une collection de textes qu’il écrivit pour
Esquire et Playboy. De ce terreau assez fertile, il va en titrer des portraits
souvent acides du pays moyen, hors des grandes conventions et pas très loin du
célèbre Délivrance de John Boorman.
Quand, décrire devient
un art
Vous aimez les voyages
à l’aveuglette, découvrir des contrées pas tout à fait inhabitées, Harry Crews fut
là pour vous servir. Du Tennessee à la Caroline du Nord, il offre le portrait
des anonymes, des gens du coin qui voient l’étranger comme un mauvais œil. De l’ex-avocat
alcoolique à ces deux amateurs de pêche au tempérament douteux, plus prêt à faire
parler leur colt qu’activer les neurones de leur cerveau, la ballade vaut son
pesant d’or. Nous retrouvons aussi l’ami Harry sur le tournage d’un film avec
Charles Bronson, acteur impénétrable qui ne se liera pas ou peu à la faune hollywoodienne,
tout comme Robert Blake. Au fil des pages, nous allons croiser des perdants,
des exclus de la société qui malgré tout, survivent.
Il faut du talent pour
donner vie à ces gens pour qui « trimer d’une étoile à l’autre »
veut tout dire. Voilà pourquoi il faut relire attentivement Harry Crews.
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