Dans le même bateau : Sur les vagues de la réunification.
Robert
Laplante
Le 9
novembre 1989, le mur de Berlin tombait, marquant symboliquement la fin de la
division de l’Allemagne. En 1989 Wiebke Petersen avait 16 ans. Avec sa famille
elle habitait la RFA et pratiquait, tout comme sa sœur ainée, l’aviron de
compétition. Occupée par ses entraînements, ses compétitions, ses études et les
garçons, Wiebke a vécu la chute du mur avec une passion et un enthousiasme
réservé. Comme si elle assistait à un événement lointain. De toute façon les
Ossis, comme les habitants de la RFA surnomment ceux de la RDA, elle n’en
connait pas. Son quotidien ne devrait donc pas changer. Jusqu’au moment où, en
1991, elle est sélectionnée dans la toute première équipe nationale d’aviron de
la nouvelle Allemagne réunifiée.
C’est cette
rencontre entre deux peuples si proches et si différents à la fois que raconte
Zelba dans sa très belle bande dessinée : Dans le même bateau. Les productions
culturelles ont beaucoup abordé la mort du mur de la honte. Mais à ma
connaissance on a peu parlé de la fusion de ces deux sœurs qui s’ignoraient
presque. Pourtant il y a matière à raconter d’excellentes histoires tant elles
étaient tellement éloignées l’une de l’autre depuis 40 ans.
À partir de
ses souvenirs, Zelba raconte avec verve, émotion et humour cette rencontre
inattendue faite de surprises, de découvertes, de faux pas, de compromis, de
maladresses et de malentendus. Une réunion ou l’Est et l’Ouest doivent se
redécouvrir et s’apprivoiser sous les regards sceptiques des démocraties
occidentales et du bloc soviétique.
Avec ses
anecdotes savoureuses et significatives, Zelba propose un récit de vie, presque
anthropologique, riche en enseignements et en découvertes. Plus qu’une
rencontre avec l’autre ; Dans le même bateau est un récit initiatique où
la jeune Wiebke quitte à pas feutrés le monde confortable et protecteur de
l’adolescence pour faire son entrée dans celui, plus incertain, des adultes.
Entre ses
amours, sa mère malade, sa sœur ainée qu’elle idolâtre, et dont elle
s’affranchit au fil des pages, et ses compétitions d’aviron, Wiebke devient peu
à peu une jeune femme assurée, en pleine possession de ses moyens, prête à
vivre pleinement ses rêves les plus fous.
Avec son
dessin élégant, son utilisation judicieuse de la couleur, son sens inné de
l’observation, Zelba réalise une merveilleuse chronique sur ces trois années fondamentales
(1989-1990-1991) non seulement pour l’Allemagne, mais aussi pour elle.
Une belle
plongée au cœur de l’Allemagne, du milieu de l’aviron et du passage d’une
adolescente à la vie adulte.
Zelba, Dans
le même bateau. Futuropolis.
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