Tolkien, le seigneur des sagas.
Robert
Laplante
Depuis la
contre-culture Le seigneur des anneaux est devenu un incontournable livre
culte qui a touché des millions de lecteurs à travers le monde. Un des livres
anglo-saxons les plus importants du XXe siècle. Une trilogie qui année après
année se retrouve parmi la courte liste des romans préférés des Anglais. Si la
saga de JRR Tolkien est devenue iconique, elle lui a malheureusement fait
ombrage. À part ses admirateurs, peu de lecteurs ont lu le reste de son œuvre,
hormis Bilbo le Hobbit. Et de ce nombre, ils sont encore plus rares ceux
qui connaissent sa vie. À l’occasion du décès le 16 janvier dernier de son fils
Christopher Tolkien, qui a beaucoup travaillé à faire connaitre ses autres
récits, le moment est parfait pour parler du plus célèbre barde anglais du XXe
siècle.
De sa
jeunesse en Afrique du Sud à son séjour traumatisant dans les tranchées
françaises de la Der des Ders. De son amour de la campagne bucolique où rien ne
change à sa méfiance envers les progrès techniques déshumanisants. De sa
passion pour les langues anciennes, les sagas nordiques, la poésie et les
récits mythologiques à son amitié indéfectible pour ses collègues du King
Edward’s School de Birmingham, toute la personnalité et le parcours de cet
immense auteur sont scrutés par Duraffourg et Caracuzzo.
En se
consacrant aux moments clés de sa vie - particulièrement ceux vécus durant la
Grande Guerre, période si importante pour la création du Seigneur des
anneaux - le duo met en lumière les évènements qui vont devenir la pierre
d’assise de la Terre du Milieu. Là où la volonté des héros est trempée dans le
même acier indestructible que celui de leurs armes impitoyables. Là où les
héros sont forgés par la droiture, l’honneur et le respect de la parole.
Si
l’intrigue est bien menée et le dessin assez assuré quoique un peu rigide et propret,
il aurait été intéressant de travailler un peu plus la mise en scène. Cette
dernière est un peu académique et traditionnelle. Avec moins de cases, un trait
moins retenu et un peu plus de fluidité dans le rythme et dans le mouvement,
les auteurs auraient pu donner une dimension plus épique à sa vie. Une
dimension à la hauteur de la Terre du Milieu. Particulièrement dans les scènes
de guerre qui auraient mérité d’être plus évocatrices, moins statiques, tout en
restant respectueuses et nuancées. Même si à l’occasion on sent ce souffle de
légende dans le dessin de Caracuzzo, il reste encore trop timide. Comme s’il
s’était empêché d’y insuffler le souffle héroïque dont sont faits les mythes.
Et si on
peut regretter l’absence d’un deuxième tome qui aurait pu couvrir les années d’après-guerre
et la rédaction du Seigneur des anneaux et des autres textes de son
œuvre, il reste que le lecteur de cette intéressante biographie de Tolkien y
trouvera son compte.
Une œuvre parfaite
pour s’initier à un écrivain qu’on a fini par effacer derrière sa trilogie.
Duraffourg,
Carucuzzo, Odone, Tolkien éclairer les ténèbres, Soleil.
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