La Guerre des autres : Réminiscences du chaos libanais.
Par Robert
Laplante
Depuis
quelques années la bande dessinée s’intéresse à la parole des gens du Proche
Orient. Les histoires proposées par cette réappropriation d’une parole qu’on
n’écoutait plus sont, des petits bijoux taillés par de véritables orfèvres du 9e
art.
La guerre
des autres qui
raconte l’adolescence de Bernard Boulad dans un Liban déchiré par une guerre
civile fait partie de ces petits trésors. J’avais été très impressionné par le
premier tome, alors imaginez ma joie lorsque le deuxième tome est enfin arrivé
en librairie.
Dans ce
nouvel opus, Boulad, qu’on a connu dans une autre vie comme le chroniqueur
cinéma de l’hebdomadaire Voir, continue de déambuler sur le boulevard de ses
souvenirs dans un Liban martyr, écartelé entre conflits interconfessionnels,
prétentions territoriales de ses voisins gourmands et affrontements entre
puissances étrangères qui y voient un fabuleux terrain de jeux.
Chronique
d’une famille chrétienne de commerçants, La guerre des autres et un
émouvant instantané de la vie quotidienne d’un pays magnifique devenu violent,
chaotique et imprévisible.
Si dans le
premier tome on assistait à la naissance de la guerre civile, on percevait les
rumeurs étouffées et les échos diffus d’une guerre qui semblait lointaine, du
moins pour la famille de Boulad qui vit dans un quartier plus sécuritaire, ce
n’est pas le cas dans Couvre-feu sur Beyrouth. Chaos, violence, furie et
destruction font maintenant partie de son environnement. À un point tel que sa
famille et lui entreprennent les démarches pour quitter le Liban et rejoindre
la diaspora française et peut-être canadienne.
Loin des
œuvres tonitruantes remplies de moments de bravoure et de héros plus grands que
nature. La guerre des autres aborde la guerre et ses répercussions à
hauteur d’homme. Ici, il n’est pas question de soldats courageux qui se
sacrifient pour la nation. Non pas du tout. Il est plutôt question de ce pandémonium
incompréhensible vécu par les civils qui en subissent les conséquences et qui
doivent tant bien que mal continuer à vivre sous le bruit assourdissant des
attentats et des balles des tireurs embusqués dans les immeubles en ruines qui
composent le paysage urbain.
Excellent
conteur, Boulad partage avec justesse ses anecdotes évocatrices et les
informations nécessaires à la compréhension d’un conflit qui trouvent encore
des échos aujourd’hui. Le tout appuyé par Bona et Henry qui traduisent avec
émotion et retenue toute la charge émotive de ces réminiscences.
Une BD que
j’ai adorée et qui est à la hauteur du premier tome.
Bernard
Boulard, Paul Bona, Gaël Henry, La guerre des autres, vol 2 Couvre-feu
sur Beyrouth, La Boite à Bulles.
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