Le Tueur : La renaissance de l’amour.
Robert
Laplante
Parfois, nous
abandonnons des séries BD que nous aimions sans vraiment savoir pourquoi. Et quelques
fois, par le plus grand des hasards, nous les redécouvrons et la flamme de la
passion que l’on croyait éteinte s’embrase à nouveau. Quelques fois, un peu
comme un amoureux blasé, nous nous demandons pourquoi nous nous sommes laissé séduire
par d’autres séries qui à la longue se sont avérées moins intéressantes. C’est
exactement ce que j’ai vécu avec le nouveau cycle du Tueur, cette passionnante
série signée Matz et Jacamon.
Désormais
collaborateur « volontaire » de Direction générale de la Sécurité extérieure,
le Tueur est envoyé nettoyer le Havre de certains de ses malfrats. Des félons
cachés dans les costards couteux et les beaux sourires pepsodent des jeunes
cadres dynamiques et des politiciens. Rien de bien nouveau pour lui, me
direz-vous. Peut-être, à part un léger détail. Il n’est maintenant plus un «
freelance », mais un employé fantôme de Paris.
Ça faisait
un bout que je n’avais pas lu Le Tueur. À vrai dire depuis le 4e
tome du premier cycle Les liens du sang. Depuis il a assuré de nouvelles
missions que je n’avais pas lu. Pourquoi ? Je ne sais pas. Et je me pose
constamment la question depuis que je viens de terminer Traitement négatif.
Dès la
première page, j’ai retrouvé le même plaisir, le même enthousiasme, la même
séduction que j’avais à l’époque où lui et moi nous nous fréquentions. Comme à
son habitude Matz a concocté une histoire intelligente, solide, fertile en
rebondissements et en séduisantes réflexions toujours aussi cyniques certes,
mais toujours aussi pertinentes et réaliste. Froid, implacable, sans émotion et
distant, le tueur regarde la société avec le regard du scientifique qui observe
en laboratoire l’évolution d’une cellule cancéreuse.
Homme de
l’ombre, homme aux mille identités, le Tueur est un véritable caméléon qui se
fond dans le décor. Le locataire d’une vie qui ne lui appartient pas. Un
comédien en perpétuelle représentation qui revêt le temps d’une mission les
habits des autres. Un Ethan Hunt de l’assassinat qui se cache derrière ses
nombreux rôles sans jamais laisser paraitre, publiquement du moins, les traits
de sa véritable personnalité. Qui est-il véritablement ? On ne le sait toujours
pas. Mais est-ce vraiment important ? N’est-ce pas ce merveilleux ressort
dramatique qui fait en partie le charme de la série.
Comme à
l’accoutumée l’intrigue de Matz est appuyée par le magnifique dessin de Jacamon,
qui avec l’élégance de son trait, son dessin chaud et l’intelligence de sa mise
en page, créer l’atmosphère nécessaire à ce thriller de politique-fiction
anxiogène.
Un véritable
plaisir pour l’intellect et pour les yeux, de quoi vous faire retomber en amour
avec le Tueur.
Quant à moi je
vous laisse, je dois aller me procurer ses autres aventures que j’ai négligé de
lire à l’époque.
Jacamon,
Matz. Le tueur Affaires d’État, tome 1 traitement négatif. Casterman.
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