Moon of the moon: au début il y avait l’art


                                                                
Robert Laplante

Dans une société futuriste, deux scientifiques restaurent 5 cyborgs-guerriers désactivés. Ils veulent leur offrir une seconde vie. L’opération n’a toutefois pas les résultats escomptés. Une fois, réinitialiser, les androïdes retrouvent la mémoire de leur ancienne vie, celle où ils étaient des combattants, et se retournent contre leurs nouveaux créateurs. Ils se retournent tous, non ! Un d’entre eux tourne casaque. Un seul qui découvre dans la fréquentation du Louvre un sens à la vie humaine. Comme si la fréquentation du patrimoine artistique mondiale pouvait lui permettre d’effacer sa conscience corrompue par toute la violence vécue dans son autre vie.
Surprenante bédé Moon of the moon est une œuvre d’anticipation humaniste. Une ode à l’art, mais surtout une lettre d’amour à la liberté dans la lignée du roman de Philip K Dick : Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?


                                          

Car effectivement on retrouve dans Moon if the moon la même quête de liberté, les mêmes revendications sur le droit à la vie et les mêmes amours de la vie qui se trouvaient dans le fameux roman de Philip K Dick, dans ses adaptations cinématographiques et, mais dans une moindre mesure, dans certains écrits d’Isaac Assimov.
Mais à la différence des parfums rétro futuristes, sombres et profondément cyberpunks qui ont nourri les films de Ridley Scott et de Denis Villeneuve, Moon of the moon est une bande dessinée qui porte en elle l’espoir en l’avenir. Un espoir que le dessinateur met en scène à travers ses magnifiques cases consacrées aux trésors qui habitent les salles de l’impressionnant musée. Lieu par excellence de beauté, de paix., de foi envers l’humanité et du génie de l’Homme.
Avec son trait lumineux et dépouillé Li Chi Tak propose une bande dessinée d’anticipation d’une simplicité remarquable. Une bande dessinée intimiste où le silence joue un rôle important. Aussi important que le rythme lent, réflexif, presque métaphysique.

C’est peut-être pour ça qu’a chaque page je retrouvais les échos de certaines des plus belles mélodies que Vangelis a composées pour le film Blade Runner. Des mélodies qui épousent parfaitement l’ambiance feutrée de la bédé de Li Chi Tak.

                                            


Triste nouvelle, que l’annonce de la mort du dessinateur Adamov. Le vent des dieux, Dayak et surtout l’Impératrice rouge, magnifique suspense d’anticipation politique, m’avaient beaucoup impressionné à l’époque. Il y avait quelque chose de fascinant dans le travail de ce bédéiste. Bien sûr nous ne pourrons plus avoir le plaisir de découvrir ses nouvelles créations, mais au moins il nous restera toujours ses excellentes séries pour nous rappeler l’immensité de sa palette créative. Bon voyage, Adamov et merci pour tous ces bons moments partagés avec vous.

Li Chi Tak, Moon of the moon, Futuropolis/Louvre éditions.

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