La venin : L’impitoyable vengeance.



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 Par  Robert Laplante

Il y a un vieux proverbe texan qui soutient qu’il vaut mieux passer ses vacances d’été en enfer plutôt qu’au Texas parce qu’il y fait moins chaud. Je ne sais pas toutefois si son auteur ne parlait que de la température de l’État à l’étoile solitaire ou s’il faisait aussi allusion à son climat social violent et anarchique où se côtoie toute la démesure humaine. Parce qu’il faut l’avouer, le Texas est une véritable fournaise de damnés, un théâtre fascinant pour raconter de sombres vengeances exacerbées par le soleil de plomb, une chaleur infernale et des paysages arides et anxiogènes. C’est ce Texas qui sert de décor à l’intéressant tome 2 de La venin, un western qui a du panache signé Laurent Astier.

Rappelons l’histoire. Emily fille de joie dans un saloon de Silver Creek au Colorado décide d’assassiner le gouverneur en visite dans la ville. Pourquoi ? Personne ne le sait puisqu’elle réussit à glisser entre les mailles du filet mis en place par la police. Mais ce n’est pas parce qu’elle fuit la « poisse » judiciaire qu’elle est pour autant sauvée. Oh que non! Elle a beau se cacher à Gavelston au Texas elle est quand même recherchée. Le plus surprenant c’est qu’elle semble insensible aux dangers qu’elle court. Et on comprend pourquoi. Elle n’est pas en fuite. Elle est plutôt en quête de la deuxième victime de son implacable vengeance.


                                                

J’avoue que je n’avais apprécié que timidement le premier tome. Graphiquement Laurent Astier avait fait un travail fabuleux. L’ambiance était parfaitement rendue, le rythme lent comme doit l’être un bon western, le trait dynamique, efficace, élégant, le montage cinématographique et l’environnement étaient parfaits. Bref tout était en place pour proposer un western de grande qualité. Mais si le trait se moulait parfaitement aux codes de l’Ouest, si l’idée de parler d’une femme de la frontière était une idée géniale, le scénario, lui, était un peu touffu pour ne pas dire, légèrement confus. Il me manquait beaucoup d’information pour bien saisir toute sa richesse.

Ça c’était avant de lire le deuxième tome Lame de fond qui lui me donne enfin les explications que j’attendais. Dans ce deuxième tome qui se passe au Texas, les motivations d’Emily sont clairement expliquées. Avec brio Astier valse avec le passé et le présent et dissémine aux moments clés les explications nécessaires pour mieux apprécier l’intelligence de son scénario. Et c’est dommage parce que le bédéiste a surement perdu des lecteurs après le 1er tome.

Peut-être qu’il aurait fallu soit publier le deuxième tome quelques mois après le premier. Ou faire un premier tome plus imposant qui aurait pu intégrer ces éléments essentiels à sa compréhension. Mais ce n’est pas le cas et c’est bien dommage.

Bref un bon western que l’auteur maîtrise de plus en plus. J’ai eu du plaisir à le lire.

Laurent Astier, La venin tome 2 :  lame de fond, Rue de Sèvres.


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