Charlotte l’Impératrice. Sous le soleil de Mexico.
Robert Laplante
Le Second Empire mexicain m’a toujours paru
mystérieux. Je l’ai découvert grâce à Blueberry, à Alexis Mac Coy l’excellent
western de Goumelen et Palacios et beaucoup plus tard à : Secrets d’Histoire
dans un épisode consacré à l’amour passionné et tragique entre l’Autrichien Ferdinand
Maximilien de Habsbourg-Lorraine - frère de l’Empereur François-Joseph Ier – et
Charlotte de Belgique.
Mais si
l’animateur de Secrets d’Histoire Stéphane Bern mettait l’emphase sur le
romantisme du couple, ce n’est pas le cas de l’excellente série Charlotte
Impératrice de Nury et Bonhomme. Il n’est pas ici question de romantisme et
d’amour impossible à la Mayerling – bien que Mayerling fût beaucoup plus sulfureux
que ce que la mémoire populaire a retenu. Oh que non ! Charlotte Impératrice
est tout sauf un drame romantique, vaguement fleur bleue.
Dans le
deuxième tome, qui vient tout juste d’arriver ici, il est question de leur
séjour sur le trône impérial du Mexique. Un Mexique déchiré par une guerre
civile. Un Mexique, victime des prétentions territoriales d’une coalition
d’états européens menée par une France qui y voit l’occasion de remettre les
pieds sur un continent dont elle presque été chassée complètement plusieurs
décennies auparavant. Un Mexique contrôlé par des bourgeois conservateurs et un
clergé réactionnaire qui craignent comme la peste les idéaux républicains de
Benito Juarez. Un Mexique paniqué qui recherche à tout prix un souverain
catholique, issu des grandes familles royales européennes et faibles qu’ils
espèrent contrôler.
Si
Maximilien, plus intéressé par les plaisirs de la chair que par l’art de
gouverner, est plus malléable, ce n’est pas le cas de Charlotte. Choquée par
l’extrême pauvreté de presque toute la population mexicaine. Horrifiée par le
traitement insupportable réservé aux autochtones, véritables citoyens de 3e
classe, que les élites mexicaines tentent au mieux de cacher et au pire de
faire disparaître, Charlotte promulgue des lois qui soulèvent l’ire des grands
bourgeois, du clergé et des militaires français qui considèrent le pays comme
leur propriété. Décidément il faut se débarrasser de cette impératrice un peu
trop gênante.
Avec fougue
et enthousiasme Nury présente une Charlotte qui peu à peu quitte son doux cocon
princier, où elle était cachée depuis toujours, et prend conscience de la dure
réalité des inégalités sociales. Le tout appuyé par le dessin irrésistible de
Mathieu Bonhomme qui excelle à représenter les paysages grandioses du Mexique.
Son trait efficace et élégant n’est pas sans rappeler le Gir de Jim Cutlass et
Philippe Berthet.
Charlotte l’impératrice est une bande dessinée d’aventure de grand cru qui se laisse lire en écoutant la bande sonore de Paris Texas
ou d’il était une fois la
révolution.
Nury,
Bonhomme Charlotte l’Impératrice, tome II L’empire. Dargaud.
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