La bombe : L’Alpha et l’Omega.
Par Robert Laplante
Hiroshima, 6
août 1945, 8 h 15. Sans avertissement Little Boy libère les feux de
l’enfer. Little Boy, c’est le nom de code de la première bombe A de l’histoire.
Celle qui sera larguée sur l’agglomération située sur la côte nord de la mer
intérieure de Seto, sur l’île de Honshū, la plus grande île japonaise. Fat Man,
sa petite sœur, quant à elle, explosera trois jours plus tard sur Nagasaki.
Aboutissement
des efforts du projet Manhattan qui visait la création de l’arme parfaite pour
la dissuasion, il reste que la fabrication des deux bombes est aussi une fabuleuse
aventure. Celle de la domestication de l’atome et de l’énergie qu’on peut en
tirer. C’est cette épopée aussi glorieuse que terrifiante qui est le cœur de
l’excellente bande dessinée La bombe signée Alcante, LF Bollée et Denis
Rodier.
Excellente
parce que les auteurs racontent leur histoire avec une intelligence notable et
un sens du rebondissement impressionnant. Adoptant oui le point de vue des
Américains bien sûr, mais aussi celui des Anglais, des Soviétiques, des
Allemands et des Japonais -des visions qu’ils superposent brillamment les unes
aux autres- les auteurs proposent une irrésistible narration chorale
cinématographique qui nous tient en haleine du début à la fin. Un thriller où
jamais les notions scientifiques ne viennent alourdir son dynamisme.
Et que dire de Denis Rodier qui a trouvé dans La bombe le véhicule parfait pour démontrer toute la palette de son immense talent. Jamais, du moins depuis qu’il arpente les avenues de la bande dessinée franco-belge, Rodier ne m’a paru aussi à l’aise. Avec sa mise en page serrée, ses cases aérées et sa judicieuse utilisation des cases, Rodier insuffle un sentiment d’urgence à la gravité de la mélodie presque «dylanesque»
composée par Alcante et Bollée. Manifestement
les trois créateurs se complètent admirablement et servent avec brio, cette
dramatique odyssée, que fut celle de la domestication de l’atome.
Une bande
dessinée incontournable tout comme Fat Man and Little Boy le film de
Roland Joffre. Jamais la conquête de l’atome n’a été aussi intéressante et
compréhensible que dans La bombe.
De la grande
bande dessinée.
Alcante, L F
Bollée, Rodier, La bombe, Glénat.
Ce texte a
déjà été publié en partie sur le site de la Librairie Z.
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