La télévision rend fou, version milanaise
Ceci
n’est pas une chanson d’amour
D’Alessandro
Robecchi
L’Aube
noir, 420 p
Éditorialiste pour la
presse italienne, entre autres dans le domaine satirique, j’ai fait
connaissance avec le premier roman de cet auteur à la dent dure. Maniant
l’humour à la manière de l’auteur américain Carl Hiaasen (Miami Park, Cousu Main) et très proche de Francis Mizio (La santé par les
plantes), Alessandro Robbechi nous fait découvrir les dessous de la télévision
au cœur de Milan. Même si c’est un récit qui peut paraitre loufoque, il
dissèque avec une verve sans pareil et sur fond de polar, le mythe qui entoure
la téléréalité, à travers la figure de Carlo Monterossi, puissant concepteur d’une
émission sur le « vécu » : Crazy
Love comme nous en voyons trop souvent. « La touche magique de Carlo Monterossi, considérait à laisser un
peu de merde collée aux vies de merde qui vont se dénuder à la télé. Eux, leurs
amours, leurs sentiments, les larmes, les maris crétins, ou adultères, ou putassiers,
les femmes en demande d’affection, ou de distraction, ou amoureuses du
boulanger, les filles, aux passions impossibles, le saut de classe, l’upgrade culturel. Voilà, il laisse toujours
dépasser quelque chose qui ressemble à la vérité, alors qu’eux, les autres
peigneurs de vies humaines, liment et rabotent jusqu’à ce que tout se ressemble ».
Victime d’une tentative d’assassinat, Carlo va connaitre la peur, les
interrogatoires de police, sans oublier son agente, têtue comme une mule qui
veut absolument que l’émission poursuive son cours, parce qu’elle rapporte gros !
Humour
et bons sens
S’il n’y avait que le
pauvre Carlo tout déboussolé. Au cours
de ce roman échevelé qui frappe là où ça fait mal, vous allez croiser la route
de tueurs à gages, d’une communale gitane qui fait les frais d’une éviction
douteuse, parce qu’un constructeur immobilier voit que l’emplacement où ils ont
établi leur campement pourrait rapporter des milliers de lires, bref, tout pour
concocter un roman tonique. Sur fond de Bob Dylan, avec deux pincées de
dialogues du regretté Michel Audiard, nous songeons aux Tontons flingueurs,
ainsi que la truculence de San Antonio, cette découverte transalpine vaut
vraiment le détour !
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