Les rats de Montsouris : Burma l’exterminateur.

 

                                                                    


 Par Robert Laplante

Y a des petits plaisirs qu’on ne peut pas refuser. Le genre de petits plaisirs, loin d’être coupables, qui nous réconfortent toujours. Les romans de Leo Malet font partie de mes petits plaisirs. Sans doute à cause du parfum d’une certaine France, celle des années 50 et du début des années 60. Celle qui a beaucoup marqué mon adolescence. Celle que j’ai fréquentée dans les romans de Le Breton et de Giovanni, les scénarios d’Audiard


                                                                  


et les films de Lautner. Alors, quand j’ai chance de tomber sur un Nestor Burma

                                                          


en roman, mais pas les nouvelles moutures plutôt coucicouça, en films, en série télévisée ou en bande dessinée je suis incapable d’y résister.


                                           


Et c’est encore ce qui est arrivé avec la nouvelle adaptation dessinée de Burma Les rats de Montsouris. Cette fois-ci la nouvelle enquête du détective qui met le mystère K.O. est signée Emmanuel Moynot et Francois Ravard. Si Moynot est un vétéran de la planète Malet- c’est quand même son sixième album. Ce n’est pas le cas de Francois Ravard que je connaissais surtout pour son travail sur Les Mystères de la Ve République.

Si Ravard ne m’avait pas laissé un souvenir mémorable pour cette série ce n’est pas le cas ici. Tout comme Moynot et Barral avant lui, Ravard s’est frotté avec succès à l’univers graphique mis en place par le grand Jacques Tardi. Univers graphique indissociable de la série bd. Et comme ses prédécesseurs il est très à l’aise dans ce Paris des petits truands, dans ce Paris d’après-guerre peuplé de malfrats minables, de petits-bourgeois cocufiés, de femmes fatales et de perdants magnifiques victimes et artisans d’arnaques aussi pitoyables que pathétiques.

Paris, été 1955, Burma travaille sur deux affaires qui se déroulent dans le 14e arrondissement. L’une touche à Ferrand un de ses anciens compagnons de captivité pendant la guerre. Ce dernier l’avait contacté pour une histoire de cambriolage avant d’être retrouvé aussi froid que la bidoche que passait en contrebande Jean Gabin dans La traversée de Paris.

L’autre plus simple, du moins à première vue, tourne autour d’un riche bourgeois à la retraite victime d’un chantage. Mais comme rien n’est jamais simple avec Burma, ce qui semblait être deux enquêtes pépères se révèle vite être des nœuds gordiens. Deux pièges inextricables qui ont en commun les Rats de Montsouris, ce gang de cambrioleurs spécialisés dans le vol de caves parisiennes.

Ode au 14e arrondissement, à ses petites rues glauques où le bitume laisse transpirer les notes d’un saxo qui joue Harlem Nocturne 

                                                  


ou Round Midnight

                                                       


à la chaleur moite de ses nuits d’été, à ses mystérieuses catacombes et à ses habitants, Les rats de Montsouris est un bon Burma. Un peu tordu certes, un peu sombre même, mais une enquête fascinante et qui profite de la grande qualité d’adaptation scénaristique de Moynot. Moynot grand exégète du Paris disparu de Malet.

Moynot, Ravard, Malet, Tardi, Nestor Burma t 13, Les rats de Montsouris, Casterman.

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