Nuages sur la Rive-Sud
Le
printemps des traitres
De
Christian Giguère
Héliotrope
noir
245p
Ce fut en 2018 que je
fis la connaissance du jeune écrivain Christian Giguère. En plein épisode de la
série Fugueuse, son premier roman intitulé : la disparition de Kat Vandale
(Héliotrophe) était tout sauf du copiage. S’inspirant de faits vécus, parce que
nous oublions souvent que la Rive-Sud de Montréal connait son lot de problèmes
avec les fugues, la prostitution juvénile, les gangs de rue, le tout ceinturé
par une pègre assez puissante, l’intrigue ainsi que la prose nous faisaient
dire que nous tenions un auteur à la voix singulière. Avec Le printemps des
traîtres, l’ami Giguère reste donc dans son terrain de prédilection, avec cette
fois-ci, avec la dure réalité de la réinsertion sociale.
Appât du gain ou vie de
famille ?
« Dans l’abri du
stationnement, situé à l’ouest du métro Longueuil, Michaël pose son sac à dos,
sa valise et le sac poubelle qu’on lui a remis à la sortie du pénitencier ».
Brut de décoffrage, mais toujours avec un brin d’humanité. Christian Giguère s’immisce
dans la vie de ceux et celles pour qui la vie a mal tourné. Ni bon ni mauvais,
Michaël a commis une bêtise qu’il regrette amèrement, se sachant aussi père de
famille. Réduit à vendre du fentanyl, on ne se trouve pas un boulot comme cela
après un casier judiciaire, il essaie de ne pas trop replonger. Pourtant la
menace rôde, surtout que sa conjointe: Dominique, accrochée à toutes les substances
illicites ne peut raisonnablement s’occuper de l’enfant. Dans ce roman à clé
dont les noms de certains politiciens ont été changés, ainsi que celui de
certains mafieux notoires, l’auteur ancre ses multiples histoires dans une
réalité on ne peut plus concrète. Dans le style néo polar, qui aurait certainement
fait plaisir à Jean-Patrick Manchette, Christian Giguère dresse aussi le
portait d’une jeunesse désillusionnée après le fameux printemps érable. Un style
maitrisé couplé à une intrigue plausible, l’auteur réussit une fois de plus à
nous surprendre.
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