En province, on déguste, à Paris, les barricades
Pierre
Siniac
Femmes
blafardes
Rivages/noir,
283 p
Hervé
Le Corre
Dans
l’ombre du brasier
Rivages/noir,
557p
Le format poche nous permet de nous procurer à petit prix des romans, mais aussi de redécouvrir des auteurs. Si Hervé Le Corre est encore bien vivant (tant mieux), je m’ennuie beaucoup de la plume féroce de romancier Pierre Siniac (1928-2002). Créateur, du duo infernal et improbable composé de : Luj’ Inferman et la Cloducque, nous lui devons aussi Les Morfalous
porté à l’écran par Henri Verneuil, L’orchestre d’acier,
Sous l’aile noire des rapaces (deux
titres qui se situent pendant la Seconde Guerre mondiale) et Le mystère de la sombre zone, Grand
prix de la littérature policière en 1981. Pour employer une expression
familière : « Siniac gratte ou cela fait mal » et vous pourrez
le constater en lisant ce petit chef d’œuvre de méchanceté : Femme Blafardes.
Quand
tout le monde se connait
Au menu du grand
restaurant de Jussier –Vintreuil, petite ville située sur la côte atlantique,
le lapin-chasseur est à l’honneur. La petite communauté bourgeoise vient se restaurer
et tout le monde connait les petits secrets de tout le monde. Mais voilà que
cette douce quiétude est secouée par une série de meurtres, dont les victimes
sont des femmes au passé irréprochable. Tous les jeudis, une dame disparait et l’assassin
laisse un éventail, comme signature. C’est tout à fait par hasard, que Séverin
Chanfier, ex-policier mis au ban passe dans cette bourgade et son instinct, lui
dictera justement de ne pas se mêler de ses affaires. Délicieusement méchant,
vous reconnaitrez certainement quelques figures de votre village, ou bourgade,
Siniac prend un malin plaisir à tordre des vérités, faire ressurgir des secrets
de famille assoupie, surtout quand « le boxon » du coin est un lieu
de passage obligé. Quand Siniac nous prend au jeu, cette énigme à la manière du
petit Poucet aurait certainement plu à Claude Chabrol.
Pendant
la commune de Paris
Auteur de romans
policiers, Hervé Le Corre, est aussi un historien très sérieux. De L’homme aux
lèvres de saphir jusqu’à après la guerre, il campe ses histoires dans un monde
en ébullition. Dans l’ombre du brasier, le lecteur se trouve plongé au cœur de
la Commune de Paris, plus précisément pendant les dix derniers jours. Si la
mort frappe sur et autour des barricades, de jeunes sont enlevés par un
personnage peu louable qui sert un ignoble trafic. Nicolas Bellec, sergent, qui
combat dans les rangs des communards voit sa bien -aimée Caroline disparaitre et
la chasse va commencer. Plus qu’une reconstitution histoire, il y a du Hugo chez
Le Corre, Dans l’ombre du brasier nous fait vivre ce sanglant épisode comme si
nous y étions. Entre le vrai et le romanesque, l’écrivain tient le lecteur à
bout de bras. Remarquable.
Je n'ai jamais lu Siniac, mais la correspondance de Manchette m'a donné très envie d'essayer. Je viens d'acheter Sous l'aile noire des rapaces et je suis vraiment curieux.
RépondreEffacerJ'aime beaucoup Le Corre, mais je n'ai pas accroché à Dans l'ombre du brasier. Trop historique pour moi, j'imagine.