Spirou chez les Soviets : Il était une fois dans l’Est.

                                                         


 Par Robert Laplante

Ah les Soviétiques ! Si on oublie les nazis, qui eux sont les archétypes du mal, les Soviétiques, sont les méchants parfaits. Des gens qu’on adore détester. Surtout ceux de l’époque de la Guerre froide. Il faut bien l’avouer, ces Soviétiques sont délicieusement détestables.

Belgique, quelque part dans les premières décennies de la guerre froide, possiblement sous l’ère Khrouchtchev, le Comte Pacôme de Champignac, scientifique et mycologue légendaire, se fait kidnapper par les terrifiants espions du KGB. C’est que des biologistes révolutionnaires de l’URSS viennent d’isoler dans ce qu’il reste du cerveau de Lénine le gène du communisme. Un gène présent dans chaque organisme vivant mais en état de sommeil. Pour le réveiller et propager le communiste à travers le monde, ils ont besoin d’une molécule de l’Astalyne Marxoïde, un champignon très rare.  

Le hic c’est qu’il a une croissance très lente. Et seul un mycologue de génie comme Champignac peut aider, de force bien sûr, les Soviétiques à résoudre cette particularité. Hélas pour les Rouges, Spirou, Fantasio et Spip, sous le couvert de journalistes travaillant pour l’illustré communiste Pif s’infiltrent illégalement dans le paradis du prolétariat pour exfiltrer leur ami.

Nouvelle escapade, de Spirou et de ses amis dans le bloc soviétique, après l’excellent Spirou à Berlin

                                                   


qui incidemment traite aussi de l’enlèvement de Champignac, Spirou chez les Soviets est une agréable surprise. Signé Neidhardt et Tarrin, ce nouveau Spirou surprend autant par son magnifique graphisme, hommage aux premiers Franquin, que par son rythme enlevant et ses nombreux clins d’œil à l’univers de Spirou, à la bande dessinée et à la culture francophone. On y parle de Tintin, de Lebrac, de Monsieur Boulier, de Monsieur Dupuis, du colérique Aimé De Mesmaeker, l’homme qui ne réussit jamais à faire signer ses contrats. Et même du café Pouchkine, là où Gilbert Bécaud rêvait de boire un chocolat avec son guide Nathalie.


                                                 


Fred Neidhardt propose un récit enthousiaste, truffé de trouvailles scénaristiques ingénieuses, de rebondissements, de coups de théâtre et d’un humour désopilant à la démesure de ces films d’espionnage un brin manichéen d’avant la chute du mur.

Véritable dynamo qui roule à tombeau ouvert, Spirou chez les Soviets démarre en trombe et impose un rythme fou jusqu’à la toute fin, sans nous laisser une minute de repos, sans aucun temps mort. Le tout illustré de belle façon par un Fabrice Tarrin très l’aise dans un scénario qui lui permet d’explorer toute la richesse de son trait.


                                            


Toutefois le nouveau Spirou n’est pas exempt de défauts. Ici, c’est le format de l’album qui joue contre lui. J’ai l’impression que les auteurs ont été un peu coincés par le nombre de pages et qu’ils ont dû précipiter la conclusion. Une conclusion qui ne respire pas au rythme du reste de l’album et qui n’est pas à la hauteur de cette sympathique intrigue qui m’a bien fait rigoler.

Mais bon, ce n’est qu’un petit défaut. Il ne faut surtout pas se priver du plaisir de visiter l’Union soviétique en compagnie de Spirou, de Fantasio et de Spip, qui le temps du voyage se déguise en Pif le chien.

Neidhard, Tarrin, Spirou chez les Soviets, Dupuis.

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