BD : Le bilan de l’année
Par Robert Laplante
Ce n’est pas
parce que la pandémie va bousculer notre petit Noël qu’on va laisser tomber
toutes nos traditions. Alors puisque c’est la période de la saison où on aime
faire des bilans, voici donc mon bilan de l’année en matière de bande dessinée.
Au lieu de réécouter pour une sempiternelle fois Moneyball à TVA Sports,
qui a dû passer 50 fois depuis mars dernier, ou toute la série de King
Rising, Au nom du roi ou du Roi Scorpion qui polluent les
ondes d’Addik TV toutes les deux semaines, pourquoi ne pas lire une petite bédé
de cette liste ou l’offrir en cadeau Ça va vous faire un bien fou.
1- Aliss, Patrick Senécal/Jeik Dion, Front
Froid/Alire. La BD
de l’année. Un véritable coup de poing qui m’a scotché. Jeik Dion illustre avec
brio l’univers glauque et inquiétant de Patrick Senécal. Avec Jeik Dion
l’auteur des 7 jours du talion vient de trouver le complice parfait pour
rendre vivants ses cauchemars. Une grande réussite.
2- Khiêm, Yasmine Trinh Morissette Phan,
Djibril Chu’o’ng Morissette Phan, Glénat Québec. Une bande dessinée bouleversante sur
le parcours, du Vietnam à Montréal, de trois Vietnamiennes. Une saisissante
bande dessinée sur les traditions, l’identité et le déracinement.
3- La bombe, Bollée, Alcante et Rodier, Glénat. Une bande dessinée exceptionnelle
sur la course pour la domestication de l’atome. Une impressionnante bande
dessinée didactique qui se lit comme un roman.
4- Anaïs Nin sur la mer des mensonges, Leonie Bischoff,. Une magnifique biographie dessinée de la grande dame de la littérature
française. Une bédé fascinante consacrée à une période qui l’est tout autant.
5- Cocteau l’enfant terrible, Rivière, Mattiussi,
Casterman. Une autre
incontournable biographie dessinée sur un des créateurs les plus géniaux du XXe
siècle. Avec son séduisant onirisme, la BD nous donne envie de nous replonger
dans l’œuvre de cet artiste insaisissable et inclassable.
6- Knock Out! Reinhard Kleist, Casterman. Biographie dessinée coup de poing sur
le racisme, l’homophobie et l’expulsion de l’histoire de la boxe qu’a vécu un
champion boxeur Afro-Américain. Un destin tragique qui nous révolte et qui nous
remet en question.
7- L’homme qui tua Chris Kyle, Nury, Brüno, Dargaud. Une enquête minutieuse presque journalistique sur les derniers mois de
Chris Kyle, le plus célèbre tireur d’élite de l’armée américaine. Un portrait
implacable d’une certaine Amérique perdue en mal de légende.
8- Seules à Berlin, Nicolas Junker, Casterman,
le destin croisé de
deux femmes, une Allemande, une Soviétique, de la chute d’Hitler à l’occupation
soviétique. Une bande dessinée essentielle pour nous rappeler cette période
trouble du XXe siècle. Une tragédie à hauteur de femme sur les méfaits des
mensonges, travestis en promesses de lendemains qui chantent, des idéologies.
9- Amertume Apache, Blain, Sfar, Dargaud. Qui aurait cru qu’un jour on
reverrait le célèbre lieutenant Blueberry ? Après tout, ses papas chevauchent maintenant
dans les prairies éternelles. Eh bien non, il enfourche de nouveau son cheval
et continue de jouer le trouble-fête et la tête brulée. Un rôle qui lui sied à
merveille. Avec le duo Blain et Sfar notre antihéros préféré a encore tout un
avenir devant lui. À mon plus grand plaisir.
10-
Far Out tome 3, Gautier Langevin, Olivier Carpentier, Front Froid. Le grand retour de notre western
robotique. Encore une fois le tandem raconte avec verve et plaisir une histoire
qui sent bon la sueur, la poussière, le soleil de plomb et qui vibre aux sons
des mélodies hypnotiques de Morricone et des images opératiques de Leone. On
l’a attendu longtemps ce nouveau Far Out mais l’attente en valait la
peine.
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