La rançon : du rififi dans le Buschveld

                                                            


 Par Robert Laplante

Il y a des héros classiques dont je ne me fatigue jamais de fréquenter. Jhen, Alix et Guy Lefranc font partie de ces personnages. Même s’il faut bien reconnaitre que leurs albums sont souvent inégaux. Prenez par exemple Alix, si sa dernière intrigue Le Dieu sans nom m’avait déçu, la précédente, Les Helvètes, elle, m’avait totalement séduite. Idem pour Jhen et pour Guy Lefranc, dont le nouvel album : La rançon est arrivée en librairie, il y quelques semaines.

Bon, j’avoue je n’avais pas lu de Lefranc, depuis 2014. Depuis la parution de Cuba Libre. J’avais trouvé un peu abracadabrante cette histoire qui mêlait Ernest Hemingway, les affrontements entre l’armée régulière de Fulgencio Batista et les Barbudos de Fidel Castro, un complot de la CIA et la découverte de mystérieuses ruines, dont une pyramide, au fond de l’océan. À la conclusion de ce 25e album, j’avais décidé de mettre fin à ma relation avec le reporter.


                                                    


Mais je ne sais pas pourquoi, la nostalgie peut-être, après plus de 5 ans de rupture et 5 albums, j’ai eu envie de renouer avec son univers. Et cette fois-ci, je n’ai pas été déçu. Dans : La rançon, Guy Lefranc recherche une jeune sud-africaine blanche qui a disparu. La jeune demoiselle a été enlevée pour forcer son grand-père à vendre son parc animalier du Buschveld, un territoire riche en minerais précieux. Pour retrouver la kidnappée, notre journaliste devra compter sur l’aide du Congrès national africain et des services secrets soviétiques.

                                                            


Située à l’époque de l’Union sud-africaine, le nom que l’on donnait à l’Afrique du Sud entre 1910 et 1961, La rançon se classe parmi les meilleures aventures de Lefranc.


                                          


Le scénario tisse adroitement les éléments d’un bon thriller, à l’actualité politique internationale et aux tensions internes de la société sud-africaine. Roger Seiter échafaude une intrigue qui tient la route et dissémine adroitement des éléments qui réussissent à garder notre attention tout au long de l’album. 

Comme Jacques Martin le faisait avant lui le scénariste mise sur une histoire sans effet de toge, sans coups de théâtre aussi improbables que tonitruants. Nous retrouvons dans La rançon, ce soupçon de réalisme et de plausibilité qui faisait cruellement défaut dans Cuba Libre.

                                                


Quant à Régric, nous sentons qu’il maitrise et respecte l’univers graphique mis en place par Martin. Même s’il serait intéressant de le voir moderniser graphiquement la planète Lefranc, de l’aérer et de la faire respirer un peu plus. Mais pourquoi changer une recette gagnante ? Surtout quand c’est ce que demandent les admirateurs de la série.

Bref un Lefranc réussi que n’aurait pas renié le maitre et qui marque peut-être la renaissance de notre idylle entre lui et moi. Mais avant de partir en peur et de célébrer un deuxième souffle à notre relation, attendons encore quelques albums. Parce qu’une déception à la Cuba Libre est toujours possible.

 

 J Martin, R Seiter, Régric, Lefranc, La rançon, Casterman.

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