Le temps des extrêmes
Jacques
Moulins
Le
réveil de la bête
Série
Noire/ Gallimard
375
p
Par
Christophe Rodriguez
Avec cette pandémie,
les extrémistes ont pour ainsi dire « repris du poil de la bête ». Ci,
et là, pas une journée, n’est marquée par des appels à la vengeance ou se
débarrasser de certains groupes de personnes « nuisibles « au
bon fonctionnement de notre société. Si le phénomène est loin d’être un élément
récent, nous constatons que dans les méandres souvent sombres de la stratosphère
internet, des groupes s’activent et ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils
passent à l’action. Sur ce mode inquiétant, l’ancien journaliste marseillais Jacques
Moulins fait une belle entrée dans la légendaire Série noire. Entre le roman
policier et celui d’espionnage, Le réveil de bête est une plongée fascinante au
cœur de la lutte antiterroriste, ayant comme axe principal : Interpol. À la
suite de l’assassinat d’une informatrice infiltrée au sein d’un mouvement d’extrême
droite, le commandant Denis Salvère va découvrir que les ramifications,
dépassent et de loin, son territoire.
Comme
dans un film
Dans la ligne de mire,
c’est l’Europe qui est visée, mais nous pourrions aussi écrire les États-Unis.
Comme des constellations, ces factions extrêmes recrutent sur la toile. Exacerbent
les passions, en utilisant des faux souvent grossiers, ils font naitre la peur,
puis ultimement, appellent à « la croisade » contre l’impie. Si les
regards convergent vers l’Ex-URSS où les mouvements nationalistes purs et durs
sont légion, le commandant Salvère sait très bien que les métastases idéologiques
n’ont pas de frontières. Bien documenté, ce thriller politique vous fera découvrir
des personnages attachants comme des « monstres », issus parfois d’un
autre âge. Entre, le passage à tabac, le harcèlement et les détournements de
fonds : Le réveil de la bête, n’a rien à envier à certaines enquêtes
journalistiques, renouant au passage avec le néo polar cher au regretté Jean-Patrick
Manchette. Et si un jour vous vous demandez à quoi sert Interpol, rapportez-
vous, à ce roman fort éclairant qui nous renseigne aussi sur le travail incessant
de ces femmes et hommes de l’ombre.
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