L’ombre de Moby Dick

 

                                                          


Owen Chase

Récit de l’extraordinaire et affligeant naufrage du baleinier Essex

Pavillons Poche

Robert Laffont

140 p

C’est un tout petit récit, écrit il y a plus de 200 ans, mais qui eut une influence considérable. Quand le romancier américain Hermann Melville qui fut aussi matelot sur les baleiniers d’avant l’ère industrielle, le récit d’Owen Chase, baleinier sur l’Essex donna naissance au formidable roman Moby Dick.

                                                         


 Si nous pouvons écarter le film très moyen de Ron Howard paru en 2019, il reste par contre en mémoire le jeu incandescent de l’acteur Gregory Peck, personnifiant Achab, 

                                                


le roi des mers courant après la baleine blanche sur toutes les mers du globe.

L’assaut d’une baleine et la perdition

Sans être romancier, Owen Chase ( 1787-1869) était un marin. Originaire de Nantucket, il dédia sa vie à la chasse à la baleine avant LA rencontre funeste. Second, sur le navire Essex, il part le 12 aout 1819 pour les Açores, suivi du passage par le cap Horn avec un arrête à l’Ile St-Marie ( 17 janvier 1820) avant le naufrage de son navire. Par de courtes phrases, utilisant parfois un style ampoulé qui était celui de l’époque, il raconte la dure vie des marins, l’éloignement de la famille ainsi que les multiples dangers, surtout quand vient le temps du harponnage. Nous sommes loin des harpons mécanisés, des bateaux réfrigérants où se découpent des dizaines de baleines et cachalots. Tout se fait à la main et chaque prise assure au moins, la survie de plusieurs familles. Quel rapport avec la création de Moby Dick 


                                                                     


«  L’apparence et l’attitude du cachalot n’avaient à première vue rien d’alarmant, mais tandis que je surveillais ses mouvements et que j’observais venir vers nous à grande allure, à une longueur seulement du bateau, j’ai instinctivement ordonné au garçon à la barre de mettre «  à bâbord toute  », dabs le bit de prendre le large et l’éviter. J’avais à peine prononcé ces mots, que le cachalot est revenu vers nous à pleine vitesse, et qu’il a frappé le navire avec sa tête, juste devant les porte-haubans de misaine; le coup fut si fort qu’il nous jeta presque à terre  »  . Et elle recommença !

Ce récit aussi court soit-il donne toute la mesure d’une action impensable et pourtant. Avec trois canots et un bateau qui sombrait, l’équipage dériva pendant presque trois mois et pour la première fois, le cannibalisme est évoqué. Ce récit d’une autre époque raconte un traumatisme, une histoire extraordinaire, tout en rendant hommage à ces hommes de la mer dont a si souvent parlé le regretté Georges Pernoud dans Thalassa.

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