Le p’tit bout d’chique : Les parfums réconfortants de l’enfance
Par Robert
Laplante
François
Walthéry est un des représentants légendaires de la mythique école de
Marcinelle Charleroi, celle du beau Journal de Spirou. Sa séduisante hôtesse de
l’air Natacha et son sympathique pigeon voyageur Le Vieux Bleu ont nourri
l’imaginaire de plus d’une génération des gamins et de gamines. Si la mémoire «
bédéesque» a surtout retenu ces deux héros de papier, il reste que certaines de
ses autres créations méritent d’être mieux connues du public. C’est le cas, du
p’tit bout d’chique dont les Éditions du tiroir viennent de publier une
intégrale. Une intégrale qui ne contient que les histoires qu’il a réalisées et
non pas celles de Mittéï.
Le p’tit
bout d’chique est un gamin. Un môme de 8 ans qui vit dans une petite commune de
la région liégeoise, dans une Belgique qui n’existe sans doute plus aujourd’hui
et à une époque qui nous semble très lointaine. Celle d’avant l’arrivée de la
toile, des cellulaires et des ordinateurs. Le p’tit bout d’chique vit la vie de
tous les mioches de cette époque, partagé entre ses illustrés, ses animaux, ses
copains d’école, ses jeux en forêt et les filles qu’il ne comprend
définitivement pas.
Bande
dessinée pleine de tendresse, de poésie et d’un humour qui sent bon les grandes
années de Spirou, Le p’tit bout d’chique à tout du parfum suranné d’une
époque disparue, qui ne reviendra jamais déformée par les brumes de la
nostalgie, cette grande transformatrice de la mémoire.
Avec son
humour bon enfant et ses gags inspirés de sa propre enfance, Le p’tit bout
d’chique est un regard mélancolique sur une période où les enfants
pensaient en enfant et avaient des préoccupations d’enfants. Avant que les
adultes ne les fassent vieillir trop rapidement. Un regard réconfortant comme
ces odeurs, ces gouts et ces musiques qui nous replongent dans ces moments où
nous étions heureux et où tout semblait plus simple qu’aujourd’hui. Le tout
accompagné de son élégant dessin qui respire le sourire, la bonne humeur et le
plaisir.
Mais si Le
p’tit bout d’chique touche la corde de la nostalgie chez les lecteurs de
mon âge, je ne suis pas certain qu’il garde toutefois sa pertinence chez les
plus jeunes beaucoup plus intéressés par: Kid Paddle, Les légendaires, Mortelle Adèle et
autres Titeuf.
Bref une
chronique attendrissante d’un monde disparu, comme peut l’être la redécouverte
de la chanson de notre premier slow ou de notre premier baiser. Et comme
souvent dans ces plongées au cœur de ces souvenirs associés à nos moments de
bonheur Le p’tit bout d’chique s’adresse avant tout à une certaine génération.
Celle qui, comme moi, a grandi entourée de la présence réconfortante de Boule
et Bill, des Schtroumpfs, de Spirou, des Tuniques bleues, de Gaston et des
autres grands personnages de la bande dessinée franco-belge.
Une
réminiscence dessinée qui nous rappelle toutefois que Walthéry est un grand bédéiste.
Un héritier de la mythique tradition du Journal de Spirou, un transmetteur du
savoir-faire « bédéesque » franco-belge aux nouvelles générations de «
bédéphiles » et de bédéistes. Et ça,
c’est peut-être le plus important.
Car en
paraphrasant Peyo, on pourrait dire que s’il y a eu Walt Kelly, Walt Disney et
Walter Lantz » et il y a aussi eu Walthéry.
François
Walthéry, Le p’tit bout d’chique, Éditions du tiroir.
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