Marchand d'armes. Une vie !

 

                                                       


       

Jennifer Richard

Le diable parle toutes les langues

Albin Michel

418 p

Le nom de Basil Zaharoff ( 1849-1936)  vous est peut-être inconnu, mais au hasard de vos lectures, surtout dans Tintin et l’oreille cassée, 

                                                      


vous avez croisé la figure du personnage qui vend des canons à des parties adverses. À la manière du biographe Yves Courrière ou du reporter Albert Londres, nous pourrions aussi citer Joseph Kessel, l’écrivaine Jennifer Richard nous fait découvrir un personnage énigmatique au sang -froid, pour qui seules les affaires comptent. Si vous pensez que le monde a véritablement évolué, attendez-voir !

                                                           


 Ce roman/biographie est une véritable leçon de politique appliquée avec un vieux monsieur au seuil de sa vie qui discute avec la plus jeune de ses filles, qui découvre, les manigances d’un homme, dont les mémoires «  auront » par magie, disparu. Complice des chefs d’état, magnat de la presse, mais aussi mécène, ce légendaire marchand d’armes livre à travers ces dialogues posthumes, une partie de sa réussite.

Corruption et main de fer dans un gant de velours.

Du continent africain, aux confins de la Russie , en passant par les tranchées de la Grande Guerre 1914-1918, il aura traité sans mépris puis avidité, avec tous les puissants de son époque. Grâce à la mitrailleuse Maxim, pur produit américain qui broyait les corps, son monde n’avait pas de frontières. Il détestait la mollesse de son père, la fausse noblesse, les parvenus, le nationalisme, et encore plus les syndicats. Comme dans les belles heures de grèves sauvages aux États-Unis ainsi que sur les docks français, il cassa par des moyens subtils les têtes fortes, ce qui n’a fondamentalement pas beaucoup changé. Au fil des pages, vous allez découvrir comment corrompre les âmes, faire tomber les gouvernements, et plus encore, comment faire jouer la fibre patriotique, peu importe le nombre de morts.

Au sujet des grèves et des négociations : «  tu as raison de la souligner, il arrive parfois que les patrons ou gouvernements négocient. Ce que l’on ne parvient pas à obtenir par la contrainte, on l’obtient par la ruse. C’est une autre méthode. Il suffit d’employer des termes sibyllins, de promettre des choses déjà votées et de recourir à des calculs compliqués. Cela permet de gagner du temps. Si l’on accorde un geste, chaque jour supplémentaire de lutte sociale est perçu par les non-grévistes comme un acharnement inutile ». Et ainsi de suite. Une lecture passionnante, troublante qui nous renvoie à bien des termes actuels.

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