La Selkie : Tempête dans un verre d’eau scandinave.
Par Robert Laplante
Il y a Ragnar Lodbrok, l’impitoyable viking de
la série télé Vikings et il y a Thorgal
sans doute, avec Hägar the Horrible, le plus grand viking du 9e art.
Depuis 1977 cet expert du tir à l’arc, cet amoureux de liberté et de justice se
balade à travers le vaste monde en quête d’un havre de paix. Mais les dieux qu’ils
sont du Walhalla ou d’ailleurs sont de facétieux plaisantins et le « home sweet
home » qu’il désire tant est beaucoup plus difficile à atteindre qu’il ne le
croyait. Mais n’est-ce pas le lot de tous les héros ?
Dans cette
nouvelle aventure; la 38e, le
valeureux Viking un peu moins impulsif, mais toujours prêt à démarrer au quart
de tour doit se rendre sur une ile inquiétante retrouver sa fille prisonnière
d’une étrange famille.
3e Thorgal de Yann, après ceux de Jean Van Hamme, Yves
Sente et l’intermède Xavier Dorison, La Selkie est un album agréable à
lire, qui a du rythme et qui respecte les codes de la bande dessinée « thorgalienne. » Agréable à lire certes, mais
qui m’a laissé sur ma faim, comme un plat qui malgré ses promesses comblent
difficilement mes attentes. Et le pire c’est que je ne sais pas pourquoi.
Pourtant
Yann est un scénariste aguerri et talentueux. Il connait parfaitement les
ficelles de la bédé d’aventure. Il est rompu au difficile exercice de la
reprise. Ce n’est quand même pas la première fois qu’il reprend un personnage
franco-belge mythique. Et qui plus est, il a déjà fait ses preuves sur la
planète Thorgal puisqu’il a écrit 15 scénarios pour: Les mondes de Thorgal, une
série qui explorait l’univers du célèbre guerrier.
Mais je ne
sais pas pourquoi je n’ai pas senti dans ce nouveau Thorgal le souffle épique
qui d’habitude caractérise ses scénarios. À la limite je trouve que cette
nouvelle aventure malgré ses grandes qualités graphiques manque un peu
d’inspiration.
Pourtant
l’album commence bien. Dès les premières cases, Yann titille le lecteur en lui
donnant la bonne dose de mystère, de fantastique et de mythologie nordique pour
garder son attention, du moins pour garder la mienne. Mais sans avertissement cette
atmosphère si séduisante disparait au profit d’un drame beaucoup moins
inspirant. Exit l’étrange ile où couvait une révolution. La quête de Thorgal se
borne à sauver sa fille.et non plus à soulever les insulaires contre le despote
local. Je le sais et c’est quand même
tout un exploit, mais je m’attends à plus de lui.
J’ai
l’impression que Yann a mal géré le nombre de pages, qu’il a dû rattacher
rapidement, pour respecter le sacrosaint format de 48 pages, les fils narratifs
déroulés tout au long de son intrigue. Comme ces séries télévisées qui ne sont
pas renouvelées par les diffuseurs et qui doivent boucler en catastrophe des
intrigues développées sur plusieurs épisodes. Peut-être qu’un deuxième album aurait
mieux servi son intrigue. Elle aurait pu sans aucun doute respirer plus et
gagner en efficacité dans un diptyque.
Il faut
aussi préciser que j’aime modérément Thorgal et que la vie de famille me semble
antinomique avec la grande aventure. Mais bon je ne suis pas fermé toutefois,
c’est au scénariste de me convaincre. Et manifestement ce ne sera pas avec cet
album.
Bref un album honnête malgré le
magnifique trait de Vignaux et l’intégration réussie d’éléments de la
mythologie scandinave, mais qui ne fait pas partit des grands albums de la
série. Et comme le disait si bien le grand William Shakespeare La Selkie
c’est beaucoup de bruit pour rien ou encore mieux une tempête dans un verre
d’eau… scandinave.
Dommage !
F Vignaux,
Yann, d’après les personnages de Van Hamme et Rosinski, Thorgal, La Selkie,
Le Lombard.
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