Chaplin prince d’Hollywood : Un aristocrate de celluloïd.

                                                                 


 Par Robert Laplante

Pendant longtemps Charlie Chaplin m’a laissé de glace. Oui je sais, je suis un horrible béotien ignare. Je préférais plutôt Harold Lloyd et Buster Keaton – ah le merveilleux Mécano de la Générale – que j’avais découvert dans mes années collégiales grâce à Ciné-club, cette émission consacrée au cinéma de répertoire, diffusée pendant des années le dimanche soir sur les ondes de Radio-Canada. Puis soudainement, j’ai été voir Le dictateur quand il avait été relancé dans certaines salles montréalaises quelque part dans les années 90. Et là, sans m’en apercevoir Chaplin m’a séduit comme il l’avait fait plusieurs décennies auparavant avec des millions de spectateurs à travers le monde. Depuis je me délecte avec toujours autant de plaisir de ses films.


                                           


Créateur de génie, Chaplin est aussi intéressant derrière que devant la caméra.

                                                  



 Il faut dire que le bonhomme a mené une vie fascinante dans un monde en pleine mutation. Comme l’avait fait Richard Attenborough, Laurent Seksik et David François se lancent à leur tour sur la trace de Charlot pour peindre l’importance qu’il a eue pour le cinéma et pour les millions de spectateurs, toutes générations confondues, qui ont été séduits par lui, qui s’est reconnu en lui et qui a été influencé par ses films.


                                                  


Dans ce deuxième tome de Chaplin, les auteurs se concentrent sur les années allant de 1919 à 1932, de la mort de son premier-né à la tentative d’assassinat dont il aurait pu être victime au Japon le 15 mai 1932. Une période marquée par des bouleversements profonds autant pour la société que pour l’industrie du cinéma qui fait maintenant face au parlant. Ce parlant, qui a relégué tant de vedettes dans les confins sombres de notre mémoire collective, là où on les a presque oubliées.


                             


À travers ses ennuis avec le FBI de J Edgar Hoover, ses déboires avec les nazis d’Hitler et ses rencontres lumineuses avec Churchill, Gandhi et plusieurs autres personnalités importantes, les auteurs reproduisent avec évocation l’évolution de sa pensée humaniste. Cette pensée humaniste qui va l’amener à réaliser les immenses monuments que sont Modern Times et sa magnifique chanson, une de mes préférées, Smile et The Dictator.  


                                                 


Magnifiquement racontée par Laurent Seksik et superbement illustré par David François: Chaplin prince d’Hollywood est une bande dessinée réjouissante et moins académique que l’excellent film d’Attenborough.


                                            


Le choix des anecdotes, le brio de leur intégration dans le récit, la mise en scène spectaculaire, le dynamisme du dessin, la contextualisation historique et la décision judicieuse de consacrer chaque album à une période précise permettent aux auteurs de mieux aborder l’incontournable créateur et son époque et d’éviter le collage artificiel d’anecdotes. Ce que n’avait pas réussi tout à fait la biographie filmée.

Bref une belle BD à la hauteur de l’immense talent de cette icône.


Et pour ceux que ça intéresse, j’aime toujours autant Harold Lloyd et Buster Keaton, mais aussi Mack Sennett, Laurel et Hardy, Douglas Fairbanks et toutes ces vedettes du muet.

 

Laurent Seksik, David François, Chaplin, 2 tomes, Rue de Sèvres.

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