La passion de l’histoire
Paul
Veyne
Une
insolite curiosité
Bouquins
Robert
Laffont
1098
p.
Comment enseigner l’histoire
ancienne et plus encore celle de l’Empire romain, voilà, tout le défi ! Avant d’ouvrir
cet objet d’étude qui est aussi le parcours d’un grand intellectuel et homme de
terrain à l’esprit vif, je ne connaissais pas Paul Veyne. Professeur honoraire
au Collège de France, ami de Raymond Aron ainsi que de Michel Foucault, il
soufflera cette année son 91e anniversaire de naissance. Dans la
lignée de Jacqueline de Romilly, Fernand Braudel, le jeune Paul issu d’une famille
modeste se passionne rapidement pour l’antiquité. Dès 8 ans, la découverte d’une
poignée d’amphore lui ouvre une porte qu’il ne refermera jamais. Parce qu’il s’inspirera
de « la philosophie critique de l’histoire », thème cher à Raymond
Aron qui fut aussi un livre remarquable, Paul Veyne tout en poursuivant la voie
universitaire adhèrera mollement au PCF, qu’il quittera en 1956 après la révolte
de Budapest. Bien avant de vous plonger dans ce recueil de textes, vous lirez avec
un sourire en coin, son parcours, ponctué d’amitiés (Michel Foucault surtout),
ses amours ainsi que la perte tragique de son fils.
Des
idées et l’histoire
Loin des aventures du
héros gaulois (Astérix) avec qui nous avons découvert les us et coutumes du
monde romain, ce qu’il admet avec une pointe d’humour, Paul Veyne nous dresse
des tableaux très nuancés de ce que fut la vie privée dans la Rome conquérante le
rôle pas très flatteur réservé aux femmes, la symbolique d’un empereur qui se traduisait
souvent par : du pain et des jeux, puis comment notre monde est devenu
chrétien. Nous plongeons avec délice dans cette histoire qui lie l’infiniment grand
(le pouvoir) au petit, c’est-à-dire la vie de tous les jours qui fut loin d’être
facile. Nous lirons aussi avec beaucoup d’attention, le long chapitre sur le
rôle des gladiateurs, qui ne saluaient jamais César, et dont la carrière dans l’arène
se résumait à celle « d’artistes maudits ». Il faudra lire aussi, et
relire le texte touchant qui mêlé passion d’historien à celle d’homme du monde,
sur la destruction des œuvres de Palmyre par l’état islamique. Si ces imbéciles
avaient su un instant qu’ils effaçaient des trésors d’humanité ou toutes les
religions ou presque furent de passage. Un bouquin stimulant, brillant et qui
ne s’adresse pas uniquement aux férus d’histoire.
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