Pacific Palace, le charme discret des anciens géants

                                                                     


Robert Laplante

Les grands palaces d’antan. Qu’est-ce qu’ils m’ont fait rêver ces grands palaces d’antan au charme suranné du luxe discret d’une aristocratie bourgeoise distante. Qu’est-ce qu’ils m’ont fait rêver, ces grands palaces d’antan quand je lisais jadis Agatha Christie, Maurice Leblanc et tous ces écrivains qui séjournaient sur la Côte d’Azur,

                                               


 devant le Lac Léman ou dans les autres stations balnéaires chéries de l’aristocratie. Qu’est-ce qu’ils m’ont fait rêver ces grands palaces avec leur architecture aux lignes épurées et dynamiques. Qu’est-ce qu’ils m’ont fait rêver, ces lieux majestueux, symboles d’un raffinement perdu dans les méandres du temps et de la nostalgie fantasmée. Je les aime, ces vieux messieurs, héritage d’une autre époque. Je les aime, surtout quand ils deviennent le décor d’un magnifique Spirou.

Spirou a quitté le Moustic-Hôtel pour aller travailler au Pacific Palace, un luxueux hôtel situé entre lac et montagnes. Avec son éternel Fantasio, qui le temps d’une aventure entre au service de l’hôtel, il doit s’occuper pendant trois jours du terrible dictateur en fuite de la République démocratique du Karajan Iliex Korda, de son épouse et de sa troublante fille Elena. 3 jours d’intrigues, de trahisons, de négociations secrètes et de remises en question, parce que quelquefois la raison d’État pèse plus que les principes que peuvent défendre tous les Spirou et les Fantasio de ce monde.

Que dire de Pacific Palace, si ce n’est qu’il s’agit d’un magnifique album empreint de discrétion, de pudeur et de retenue, à l’image de ces anciens aristocrates de l’hôtellerie. Magnifique, parce que le trait de Durieux est élégant et trempé dans l’encre du charme d’une époque révolue. Chaque case est un véritable plaisir pour les yeux. Sans ne jamais tomber dans l’esbroufe, sans ne jamais surcharger ses dessins le créateur traduit admirablement l’opulence de jadis à travers mille petits détails tout aussi jouissifs les uns que les autres. À travers chacune de ses illustrations on peut entendre les notes de Satie,

                                              


de Debussy

                                                           


de la Promenade Sentimentale de Vladimir Cosma 

                                                  


tirée du film Diva et de Marc Daumail.

Magnifique parce que le scénario est brillant. Subtilement le bédéiste installe une atmosphère chargée de mystère, qui s’épaissit à mesure que les pages défilent, aussi séduisante que fascinante, amplifiée par son trait doux, vaporeux, presque aérien, presque irréel.

Plus témoins qu’acteurs : Spirou et Fantasio se retrouvent sans le savoir, sans le vouloir, au cœur d’un drame qui les dépassent, marionnettes entre les mains des grands de ce monde.

Magnifique, parce Christian Durieux propose un Spirou hors du temps. Un Spirou tellement loin de ce héros mythique qui démarre au quart de tour sans pourtant ne jamais le dénaturer.

Bien des jours après avoir fréquenté le Pacific Palace je continue d’y penser, d’y retrouver les odeurs de ses corridors, de ses chambres et de sa délicatesse qui malgré les ans et la poussière est toujours aussi flamboyante.

Y’a pas à dire, on peut encore faire de grandes choses avec le petit groom. Et tant que des créateurs aussi talentueux que Durieux s’en occuperont, on peut lui prédire un très bel avenir.

Christian Durieux, Le Spirou de… Pacific Palace, Dupuis.

Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

Les bandes dessinées de l’année 2023

Du grand Ken Follett

Les coups de coeur de l’année 2023