Le journalisme : une vocation et des embûches

 

                                                                   


Fredric Brown

La nuit du Jabberwock

Rivages/ noir

238 p

Jim Thompson

Nothing Man

Rivages/noir

332 p

En cette semaine de la liberté de presse et des journalistes qui se font malmener par les temps qui courent, l’occasion fait le larron. Dans la petite collection Rivages/noir, deux grands classiques, totalement aux antipodes qui parlent justement du métier de journaliste, parfois de façon étrange. Avec Fredric Brown, écrivain aux multiples talents, conteurs hors pair qui donna certainement des idées à Tim Burton pour Mars Attack,

                                                  


 par son inoubliable : Martiens Go Home (un bijou),

                                               


 nous entrons doucement dans un univers fantastique, inspiré d’Alice aux pays des merveilles avec : La nuit du Jabberwock.

Tranquille, pas si certain

À Carmel City, petit bled perdu, rien n’est vraiment palpitant. À part quelques méfaits publics dont celui d’alcoolisme ou pour avoir troublé l’ordre public ainsi que les bonnes mœurs, le rédacteur en chef du Carmel City Clarion : Doc Stoeger s’ennuie. Pour soigner sa peine de journaliste qui attend l’évènement quand la date de tombée approche, il retrouve au bar du coin, son ami Al Grainger en jouant aux échecs et buvant plus que normal. Comme Fredric Brown est toujours là pour nous surprendre, «  le long fleuve tranquille » de notre rédacteur va rapidement suivre un autre cours. En un soir : un mystérieux visiteur vient lui faire des confidences, des gangsters presque hérités d’une autre époque viennent semer le trouble, un fou s’échappe de l’asile, sans oublier, la seule banque du comté, qui vient de se faire braquer. Ces effets miroirs qui ne sont pas sans rappeler les péripéties d’Alice aux pays des merveilles créés un véritable tourbillon ou l’humour bien subtil de l’auteur se fait sentir. Un bijou inclassable qui nous rappelle que tout peut être possible, surtout quand le calme règne !


                                                     


À la dure

Si le nom de Jim Thompson vous est inconnu, le cinéma a su s’en emparer. Souvenons- nous, de : Coup de Torchon (1275 âmes)

                                                  



 du regretté Bertrand Tavernier ou Les arnaqueurs de Stephen Frears. 

 Auteur incontournable du roman noir, Jim Thompson avait (euphémisme), une vision, assez pessimiste de la nature humaine. Ce pessimisme qui allait de pair avec un certain cynisme n’excluait pas l’humour parfois cinglant comme vous allez le constater avec Nothing Man. Clinton Brown, revenu de la guerre est marqué à jamais. Une blessure sur le champ de bataille lui a fait perdre toute sa virilité. Journaliste au Pacific City Courrier, il noie ses problèmes dans l’alcool (figure classique), même si son ex-femme veut absolument lui venir en aide et reprendre une certaine vie de couple. Tout est là pour un roman noir, sauf que Thompson va jouer la partie autrement. Il va tisser les liens, d’un roman à suspense, un peu comme le fit William Irish avec la psychologie de ses personnages, privilégiant les choses non dites, que l’action. Parce que Clinton Brown a de l’éclat, un certain bagout, et il va s’en servir. Délicieusement retors !

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