Ernetti et l’énigme de Jérusalem : Le secret de Néfertiti.
Par Robert Laplante
Il a fait
chaud ces derniers jours. Il a fait chaud, oui, mais c’est quand même moins intense
qu’à Amarna, l’ancienne capitale d’Akhenaton située entre Thèbes et Memphis.
Surtout si vous y faites des fouilles pour retrouver une confession signée par
le grand pharaon. Une confession, il faut le préciser, qui pourrait ébranler les
trois grandes religions monothéistes.
Et si on y
ajoute le Vatican secret, un sombre ecclésiastique aux desseins encore plus
sombres, des fondamentalistes chrétiens associés à une secte ultraorthodoxe
juive et les services secrets israéliens, on ne peut pas avoir plus chaud.
J’irais même jusqu’à dire que c’est encore plus chaud que l’Enfer et le Texas
estival réunis. Et ce n’est ni Pellegrino Ernetti ni sa comparse Natacha
Yadin-Drori et encore moins l’auteur Roland Portiche qui vont contester cette
affirmation.
En tout cas
c’est ce que j’en déduis à la lecture de l’excellent et réjouissant Ernetti
et l’énigme de Jérusalem, un thriller historicoreligieux endiablé qui nous
tient en haleine du premier au dernier mot.
On se
rappelle que j’avais beaucoup, mais vraiment beaucoup aimé : La machine
Ernetti que j’avais littéralement dévorée. L’implacable Machine Ernetti,
qui se dégustait aussi bien qu’un petit rosé un soir d’été, racontait
les efforts du physicien, inventeur, musicologue, moine/exorciste bénédictin,
Pellegrino Ernetti pour mettre au point le chronoviseur, une caméra qui
permettait de filmer le passé.
Basé sur une
légende urbaine qui continue de courir dans les couloirs de la cité papale, le
thriller de Portiche lui permettait de combiner : l’archéologique
biblique, la Guerre froide et un catholicisme en plein bouleversement, en perte
de fidèles et d’influence, déchirés entre les partisans de la tradition et ceux
de la modernité.
On pensait à
la fin du roman que le bénédictin pouvait enfin retourner à son enseignement en
musicologie et la zénitude de son monastère. Hélas ! les Dieux du thriller en
ont voulu autrement. Et c’est encore une fois accompagné de l’archéologue
israélienne et accessoirement membre du Mossad Natacha Yadin-Drori qu’il doit
reprendre du service pour mettre fin à une conspiration contre les religions
organisées tout en explorant les sentiers obscurs de l’Antiquité. 16 ans après
la conclusion de leur première enquête et le démantèlement du chronoviseur, sur
l’ordre de Paul VI, les deux héros doivent, à la demande de Jean-Paul II,
le remettre en fonction.
C’est que le Vatican est victime d’un horrible
chantage. Un chantage qui pourrait non seulement ébranler les bases du
catholicisme, mais aussi du christianisme en général, du judaïsme et de
l’Islam. Un membre retors du clergé affirme avoir la preuve que le concept de Yahvé
aurait été introduit en Israël par des Égyptiens en fuite, suite à la mort
d’Akhnaton et au retour des anciens Dieux, menés par Néfertiti.
Oh boy ! Imaginez
les répercussions catastrophiques d’une révélation pareille. Un véritable
séisme. Une véritable fin du monde. Devant la catastrophe anticipée, Jean-Paul II
exhorte le duo de remettre en fonction la machine damnée et d’enquêter dans le
passé.
Si La
machine Ernetti m’avait rapidement séduit, et ce, dès la première page, c’est
la même chose pour ce nouvel opus. Il faut dire que l’auteur joue dans des
platebandes que j’adore, le désert, l’archéologie biblique, la Guerre froide,
l’histoire des religions et les quêtes pour résoudre ces grandes énigmes du
passé chargées de mystères, de légendes et de symbolisme. J’ai retrouvé, dans le
nouveau Portiche le même émerveillement, le même plaisir et le même
enthousiasme que j’avais lorsque j’ai visionné pour la première fois Raiders
of the Lost Ark et Indiana Jones and the Last Crusade.
Portiche
métisse allègrement les récentes découvertes archéologiques et les enjeux
géopolitiques de l’époque à l’histoire du christianisme. Rien n’est laissé au
hasard chez lui. Rien ne repose sur des approximations et des interprétations
douteuses comme on le reproche souvent à Dan Brown par exemple. Il y a derrière
ses mots une recherche historique rigoureuse. Plus rigoureux il me semble que
celle du père de Robert Langdon. Mais surtout il y a cette inquiétante
plausibilité. Et si c’était vrai ?
Il y a dans cet
Ernetti et l’énigme de Jérusalem un parfum du Nom de la rose. Et
comme avec le roman d’Umberto Eco, qui a été une révélation pour moi, j’y
retrouve un souffle épique et le même partage jubilatoire de connaissances.
Et si en
plus j’y retrouve la force d’évocation, le sens du rebondissement, les
dialogues punchés et la narration rythmée d’un Indiana Jones et des autres grands
classiques américains du cinéma d’aventure, je ne peux que me dire que je me
trouve devant le cocktail idéal pour étancher ma soif de thriller historicoreligieux
intelligent et efficace.
À vrai dire,
Ernetti et l’énigme de Jérusalem n’a qu’un seul défaut. Celui de se
terminer trop rapidement. Depuis que je l’ai lu, il ne se passe pas une journée
sans que je ne me sente comme le bonhomme vert de Juste pour rire et que
je vais envie moi aussi de crier : « Maman c’est fini. »
J’envie ceux
qui vont plonger pour la première fois dans Ernetti et l’énigme de Jérusalem
ou La machine Ernetti. Que je les envie ! J’aimerais tellement y
retourner.
Roland Portiche, Ernetti et l’énigme de Jérusalem, Albin Michel
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