Demain les chats : Les énigmatiques compagnons.
Par Robert Laplante
Ce matin en
arrosant les fleurs sur mon balcon, je regardais les deux chats de mes voisins
qui se prélassaient sur le gazon de la cour commune. Nonchalants peut-être, mais
prêts à bondir sur le premier écureuil imprudent qui oserait pénétrer dans leur
royaume. En les observant, je me demandais si le poète Louis Aragon ne s’était
pas trompé. Et si l’avenir de l’homme n’était pas la femme, mais plutôt le chat ?
Je ne sais pas, si Bernard Weber pensait lui
aussi au célèbre poète, quand il a écrit son cycle sur les chats, mais
manifestement il avait le même questionnement que moi. En tout cas c’est ma
conclusion à la lecture de : Demain les chats, premier tome de sa
trilogie, qui vient d’être adaptée en bande dessinée par Pog et Naïs Quin.
Encore une
fois, l’humanité est sur le bord du désastre. Rien de nouveau, me direz-vous !
Peut-être, mais cette fois, cela semble beaucoup plus sérieux. Tout semble
concorder, pour que l’Homme disparaisse une fois pour tout de la surface de
Gaia.
Après, avoir
détruit presque tout ce que la planète comptait de diversité animale et
végétale, après avoir poussé à son paroxysme l’hyper consommation et l’hyper
production, après avoir bousillé le climat, après s’être étendu partout sur le
globe et annihiler les derniers territoires vierges, Sapiens a fini par mettre
son existence en danger.
Seuls les
rats semblent tirer un avantage du chaos apocalyptique qu’il a créé. Bien à
l’abri dans les égouts, ils ont pu se reproduire en toute quiétude, loin de la folie
humaine. Et ce qui devait se passer se passa. Les rats ont transmis des
maladies mortelles à l’homme. Avec le résultat que la descendance d’Adam et
d’Ève a cédé sa place au sommet de la chaine alimentaire, aux rats. Des rats
qui rêvent maintenant de conquérir le monde.
Mais il
reste un espoir pour l’humanité. Et ce mince et fragile espoir repose entre les
mains, les pattes devrais-je plutôt écrire, des chats. Vous savez ces petites
créatures qu’on aime tant regarder sur les réseaux sociaux.
Mené par Bastet
et Pythagore, un chat de laboratoire peut se brancher sur Internet grâce à une
clé USB greffée au sommet de son crâne par une équipe de scientifiques. Les
chats vont s’unir et s’allier à quelques humains pour résister aux visées
expansionnistes, des rats et de leur despote Cambyse.
Bande
dessinée bien foutue : Demain les chats est franchement
sympathique. Pog et Naïs Quin ont réussi à bien traduire en bédé l’atmosphère
et les préoccupations du grand romancier. Ce qui n’est pas une tâche des plus
faciles, puisque Werber est passé maitre dans le difficile art d’intégrer un
discours scientifique très pointu à une intrigue rythmée tout en rebondissements.
La lecture d’un Werber est toujours satisfaisante autant pour notre curiosité
intellectuelle, que pour notre gout d’un suspense bien ficelé.
Le défi
était donc de taille pour le tandem. D’autant plus que les thrillers de Werber
sont aussi très philosophiques. L’écrivain aime beaucoup observer et décortiquer
les comportements de la société humaine. Cet aspect si important dans l’œuvre
du romancier est aussi présent dans l’adaptation dessinée. Plus qu’un thriller scientifico-apocalyptique ;
Demain les chats est une fable sur l’humanité, sur sa relation amoureuse
avec les chats et sur l’importance de préserver le fragile équilibre qui relie
toutes les espèces qui habitent notre petite planète bleue.
Quant aux rats, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai pensé tout au long de ma lecture à Willard.
Un film d’horreur de 1971 qui m’avait bien impressionné dans ma
jeunesse et qui mettait en vedette le terrifiant Ben, un rat monstrueux à la
tête d’une horde de ses congénères plus horribles les uns que les autres.
Bref une belle lecture qui fait
passer un bon moment. Et désormais je ne regarderais plus les chats de la même façon.
Ceux qui vont sauver notre espèce méritent tout mon respect.
Pog, Naïs
Quin, d’après le roman de Bernard Werber, Demain les chats, Albin
Michel.
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