L’homme qui inventait le monde : Je rêvais d’un autre monde.
Par Robert Laplante
Qui n’a pas
rêvé un jour de pouvoir modeler le monde à son image, au gré de ses désirs, de
ses besoins, de ses fantaisies. Qui n’a pas rêvé un jour, à l’instar de Thanos,
d’Ego et de Galactus, d’être l’égal de Dieu. Qui n’a pas rêvé un jour sous
l’instance de nos concitoyens apeurés d’avoir le pouvoir de sauver notre petite
planète bleue de la destruction totale. Même si on sait pertinemment que sauver
Gaia d’une catastrophe pourrait signifier notre propre mort, parce que signer
un pacte avec l’humanité comporte indubitablement des risques.
John Bowman a ce pouvoir, même s’il ne le sait
pas encore. Capitaine -navigateur Bowman est le seul rescapé d’une mission
d’exploration aux confins de l’univers et plus loin encore. Une mission qui non
seulement, a détruit tout son équipage, mais qui l’a aussi profondément
transformé puisque c’est là qu’il a acquis cet étrange pouvoir.
Mais si
Bowman n’est pas encore conscient de ce pouvoir, l’armée, elle, le sait. C’est
pourquoi elle l’observe constamment et sous toutes ses coutures. C’est que,
voyez-vous Bowman pourrait devenir la clé pour la survie de notre bonne vieille
terre aux prises avec une inquiétante menace extraterrestre. Et comme chacun le
sait, on ne plaisante pas avec les menaces extraterrestres, surtout quand elles
sont menaçantes. Mais comment convaincre un capitaine – navigateur blasé,
pessimiste et déprimé de sauver une humanité dont il n’a rien à cirer ?
Pour le savoir, il faudra lire : L’homme qui inventait le monde, la toute nouvelle bédé de Rodolphe et Marchal, le duo qui nous a donné Namibia
et Amazonie.
Préfacé avec
enthousiasme et franchise par le grand bédéiste Léo, L’homme qui inventait
le monde démarre sur des chapeaux de roues. Les premiers dessins de Marchal
m’ont scotché et m’ont laissé entrevoir une bédé aussi haletante que
passionnante. D’autant plus que Rodolphe sait raconter une histoire et que
Marchal traduit à merveille avec son trait la richesse des histoires du
scénariste aguerri.
Malheureusement
si l’histoire m’a enthousiasmé au début, je ne peux dire la même chose à sa conclusion.
Comprenez-moi bien, je ne dis pas que L’homme qui inventait le monde
n’est pas une bonne bande dessinée. Au contraire c’est une bédé agréable à
lire, mais je ne sais pas pourquoi elle m’a laissé sur ma faim.
Pourtant le
scénario de Rodolphe est, comme à son habitude, intelligent, captivant, plein
de rebondissements et garde notre intérêt du début à la fin. Idem pour le dessin
de Marchal qui est très à l’aise dans cet univers. Un univers qui lui permet de
démontrer toute la richesse de sa palette graphique.
Toutefois je
ne peux pas nier qu’après son départ en trombe, je m’attendais à plus. Pour
tout vous dire dès la 6e ou 7e page je savais exactement où les auteurs
voulaient me guider et comment ils allaient conclure l’album. Peut-être qu’ils
ont trop suivi les canons traditionnels d’une certaine science-fiction ? Peut-être
que c’est moi qui en ai trop lu ? Je ne sais pas, mais il est certain que
rapidement j’ai eu l’impression d’être sur un terrain trop connu, un terrain
que j’avais souvent exploré.
J’aurais
aimé être plus surpris, plus déstabilisé. Mais bon même si ça n’a pas été le
cas j’en garde quand même une excellente impression. Mais pas à la hauteur des
attentes que les magnifiques illustrations de la première page avaient suscitées
en moi.
Une bande dessinée honnête, solide,
qui ne réinvente rien, mais qui se laisse agréablement lire. Pour le coup de
foudre, ça sera peut-être la prochaine fois.
Commentaires
Publier un commentaire